Les Amitiés kurdes de Bretagne sont en deuil : Chantal Etourneaud, vice-présidente des AKB est décédée samedi dernier, 24 août, à l’âge de 88 ans. La cérémonie funéraire aura lieu le lundi 2 septembre au funérarium de Vern sur Seiche à 12 heures 15.
Chantal était, depuis 1996, l’une des pièces maitresses de l’association dans laquelle elle s’était investie corps et âme. C’était une militante pleinement engagée dans l’enseignement du français auprès des étrangers présents à Rennes, et notamment des Kurdes : ‘’Nous sommes attristés, écrit Faruk E. Doru, représentant européen du parti kurde, le HDP-DEM, par la perte de notre chère amie Chantal qui nous a soutenus dans nos moments difficiles et qui ne nous a jamais abandonnés . Nous sommes reconnaissants pour l’aide qu’elle a apportée aux femmes kurdes vivant à Rennes pour mieux s’intégrer à la population rennaise’’.
Arrivée à Rennes en juin 1968 pour prendre un poste d’assistante sociale au centre social de Villejean, puis au centre social de Cleunay, avant d’en devenir la directrice, Chantal, c’était une rebelle, une féministe. Elle avait fait ‘’mai 68’’ à la Sorbonne ! Ça ne s’oublie pas ! Mais pourquoi les Kurdes ? Chantal l’explique elle-même :
«C’est d’abord une question de voisinage. Un jeune couple dont j’ai fait la connaissance a habité durant quelques mois, en 1994, l’étage au-dessous de chez moi. Le mari, nouvellement arrivé de Turquie pour ne pas faire son service militaire, venait d’épouser une petite cousine arrivée en France avec ses parents quelques années auparavant. La participation au décryptage des bandes-son des premiers rushs de ‘’Vive le Kurdistan libre’’, film jamais sorti, prélude à ‘’Kurdistan, je reviens d’un pays qui n’existe pas’’, m’a plongé dans des récits et une histoire que j’ignorais complètement et m’ont motivé pour faire partie de la ‘’Délégation rennaise Kurdistan’’(DRK) dès1996. La diffusion du film facilita les premières rencontres entre les adhérents de la DRK et les Kurdes de Rennes, principalement des hommes… ce qui amena l’association à se rapprocher de la communauté kurde et à rencontrer les femmes. Il fallait pour cela imaginer des formes conviviales, c’est ainsi que l’idée d’un ‘’café kurde’’ a germé. Une fois par trimestre, en soirée, familles kurdes et rennaises se retrouvaient à la Maison internationale de Rennes (MIR) autour d’un çay (thé). La dizaine de cafés kurdes a permis, malgré la difficulté de la langue, de tisser des premiers liens entre la communauté kurde et les adhérents de la DRK, d’apprécier les talents culinaires des femmes, d’apprendre ce qu’était le NewrozNouvel an kurde (21 mars). More, de découvrir peu à peu qu’une bonne partie des familles composant la communauté kurde de Rennes venait de la même région de Turquie et que beaucoup avaient des liens familiaux. C’est ainsi, me semble-t-il, que s’est imposée l’idée de susciter des rencontres plus structurées, au domicile des Kurdes qui le voudraient bien. Ces rencontres qui se sont déroulées sur une année, les samedis ou dimanches, ont donné lieu à la production du livre ‘’Karapinar’’ ».
Chantal, c’est aussi ‘’les cours de français’’ dont elle est à l’origine, en 2003, ‘’intégrés depuis 2012 dans un collectif regroupant 15 associations, 4 bibliothèques Municipales, 2 lycées, 1 établissement public départemental et 1 collectivité territoriale’’ comme elle l’explique elle-même, ‘’Une charte a été signée mercredi 25 janvier 2017 à l’Hôtel de Rennes-Métropole par les représentants de l’Etat (secrétaire général de la Préfecture), Geneviève Letourneux, conseillère municipale déléguée aux Droits des Femmes et à la Lutte contre les Discriminations à la Ville de Rennes, pour Rennes et Rennes Métropole, et par les présidents d’associations ou leur représentant’’.
Chantal se rendit à plusieurs reprises au Kurdistan, notamment en 2006 où elle conduisit une délégation AKB à Diyarbakir et à Hakkari. Elle y retournera en 2007.
‘’Chantal, c’est cinquante-six ans d’amitiés sincères, constantes, sans faille. Cinquante-six ans d’actions socio-culturelles, concrètes, discrètes, menées ensemble et/ou séparément. l’obstination, Chantal, c’était dans ton ADN ! Tu vas nous manquer, à nous, notre famille, où tu avais toute ta place, aux cours de français que tu avais su si bien intégrer dans ‘’Langue et communication’’, à nous, tes ami-e-s des Amitiés kurdes de Bretagne, l’association dans laquelle, tu fus, depuis 1996, l’une des pièces maitresses, et dans laquelle tu t’es investie corps et âme. Repose en paix, Chantal, tu as montré la voie. La relève est là’’.
André Métayer
Hommage à Chantal : Témoignages
Faruk E. Doru, représentant européen du HDP-DEM : ‘’Nous sommes attristés par la perte de notre chère amie Chantal qui nous a soutenus dans nos moments difficiles et qui ne nous a jamais abandonnés jusqu’au dernier moment. Elle était active en tant que membre de notre association les Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) . Elle a participé à tous les événements. Et, bien sûr, nous sommes reconnaissants pour l’aide qu’elle a apportée aux femmes kurdes vivant à Rennes pour mieux s’intégrer à la population rennaise. Chantal, Notre peuple ne vous oubliera jamais. Au nom de mon parti kurde, le HDP-DEM, et au nom du peuple kurde, je présente mes plus sincères condoléances aux membres de la famille de Chantal et aux membres de l’association AKB’’.
Ronan Le Louarn : ‘’ Quelle triste nouvelle. Trente ans que je connaissais Chantal, toujours je l’ai vue souriante, enjouée, travailleuse, sérieuse et dévouée. Oui, une grande dame’’.
Laetitia Boursier : ‘’Votre mère était douce, pétillante, intelligente. Elle avait toujours une phrase bienveillante pour chacun et surtout chacune. Le genre de personne qui devrait un peu plus exister en nombre sur cette terre, afin de promouvoir la paix, l’amour des autres et le vivre ensemble’’.
René Péron : ‘’ J’ai connu Chantal il y a très longtemps dans le cadre de mon premier travail à l’OSC associé à la programmation des équipements collectifs dans les nouveaux quartiers de Rennes, les grands ensembles périphériques, Villejean puis la Zup sud.”, Collaborant sur Cleunay à la réalisation d’un terrain d’aventures, nous avons vite découvert que nous partagions la même approche de l’action sociale et culturelle irriguée par les dynamiques associatives et les luttes des habitants. Les liens que nous y avons noués ont nourri deux espaces de notre vie, une profonde amitié partagée au sein de nos familles, et le choix d’un engagement commun aux AKB, dont on peut dire, de l’une comme de l’autre, que même la mort ne peut y mettre fin’’.
Madie Pierret : ‘’Au revoir Chantal, Tu as eu une vie bien remplie, tu as toujours été attentive aux autres, inventive dans tes projets professionnels tu aimais et respectais les gens, ainsi tu aimais conserver et respecter les traditions et toutes les cultures, mais tout en étant très attentive aux innovations qui allaient apporter du nouveau et s’adapter aux évolutions de la société. Tu osais tenir tête et parfois provoquer les conformistes. Tu avais ton franc parler et surtout tu respectais et aimais les gens. Toujours d’humeur égale ton accueil était toujours bienveillant et les gens ne pouvaient qu’être en confiance avec toi. Tu as toujours choisi d’aider les plus en difficultés à se valoriser et à s’assumer. Tu avais une très grande utilité sociale et tu as fait de ta vie une vie complètement donnée aux autres sans parler de ta belle voix : tu chantais si bien ; tu as aimé faire tant de choses : de la tapisserie, de l’accordéon et tu aimais t’instruire comme par exemple lire Condorcet et comprendre l’esprit des auteurs. Tu vas cruellement nous manquer. L’un de nos deniers échanges ont été de se dire qu’on s’aimait’’.
Josette Pasdelou : ‘’J’ai rencontré, en 1998, Chantal lors de la diffusion du film “Vive la mariée et la libération du Kurdistan “(en présence de Danielle Mitterrand) où nous tenions la table de presse avec René. Cela a été le début d’une belle rencontre.
Je suis allée la voir la semaine dernière et je l’ai trouvée très fatiguée mais malgré tout sereine. Nous avons évoqué des souvenirs et notamment la mise en place des cours de français et les riches rencontres que nous y avions faites’’.
Marie-Brigitte Duigou : ‘’Chantal nous laisse le souvenir d’une femme engagée, d’une femme indépendante dans ses choix, et qui les assumait complètement.
Son empathie a touché un jour tous ceux qui l’ont approchée. Elle était à l’écoute des vulnérables et le soutien qu’elle leur apportait était très grand et sans complaisance
Sa fille Cécile, son mari et ses deux petites filles dont elle était si fière et en qui elle croyait profondément étaient les premiers dans son cœur’’.
Marylou Perrin : ‘’ Chantal quelle chance de t’avoir rencontrée dans notre immeuble. Au cours de nos nombreux partages d’amitié, de militantes j’ai découvert la lutte du peuple Kurde, et fais connaître l’association AKB où tu étais engagée. Un temps j’ai pu apporter une aide auprès des exilées kurdes pour la connaissance de la langue. Ce fût des moments très riches de découvertes et d’amitiés. J’ai beaucoup appris à travers Chantal. Merveilleuse Chantal je garderai au cœur ces moments d’amitié, ton écoute attentive sachant répondre avec justesse aux préoccupations diverses, toujours avec discrétion. Ton engagement sans limites au plus près des personnes restera vivant et continuera au-delà de toi. Merci Chantal pour tous ces moments vécus ensemble, des échanges sur nos parcours respectifs. Ce sera un grand vide mais je me souviendrai de ton sourire et ta grande présence malgré le la maladie’’.
Christine Delacote : “J’ai un souvenir ému de Chantal, car nous avons partagé des moments forts autour de la cause kurde.
Toujours chaleureuse et accueillante, elle savait mettre en confiance les nouveaux qui venaient rejoindre ce combat pour la reconnaissance de l’identité kurde qui aujourd’hui est et reste scandaleusement bafouée, en particulier en Turquie’’.
Fatimata: ‘’Oulala. Innalilahi waina illehi rajoun n’a’’ (C est Fatimata de la MIR qui transmet ses condoléances en arabes aux proches de Chantal).
Georges Avignon : “J’ai rencontré Chantal en 1974 chez des amis communs de mon épouse Anne Marie. Au fil des ans, nos liens sont devenus plus forts. C’est par son intermédiaire que j’ai connu AKB et ses actions pour la défense du peuple kurde.
J’ai accompagné Chantal, déjà bien affaiblie le samedi 13 janvier 2024, sur le site du Bois Perrin pour l’inauguration du square , dédié à la mémoire de Rojbîn Fidan Dogan, lâchement assassinée le 9 janvier 2013 à Paris. J’ai été frappé par le nombre de participants à cette manifestation qui sont venus la saluer chaleureusement. Ce jour-là, elle était très émue de ces marques de reconnaissance”.
Michel Le Hir : ‘’Je garde le souvenir que Chantal est la première personne d’AKB que j’ai rencontrée au Festival du cinéma de Douarnenez en 2003. Je connaissais déjà le Kurdistan depuis longtemps et c’est ainsi que je fis la connaissance de la Délégation Rennaise pour le Kurdistan. Une femme, une militante pleinement engagée dans l’enseignement du français aux étrangers présents à Rennes. Que la terre de Bretagne lui soit légère. Kenavo Chantal’’.
Anne Marie BORG : ‘’C’est à l’occasion de mon engagement à AKB à partir de 2007 que j’ai côtoyé Chantal lors de réunions à Rennes.
J’ai admiré son engagement pour les cours de français et j’avais plaisir à échanger avec elle au cours des CA’’.
Marie Annie et Enrico Tamborini : ‘’Chantal, le bonheur de t’avoir rencontrée ! La belle aventure partagée lors des cours d’apprentissage du français, tous ces visages, ces liens tissés. Chantal, merci pour ta fidèle amitié, ta bonté, ton amour de la vie et des autres. Tu es partie. Tu resteras vivante dans nos cœurs’’.
Tony Rublon : “Chantal , ton grand sourire et ton regard pétillant ; ta force de vie et ton énergie incroyable au service de causes et valeurs qui semblent avoir toujours été tiennes…C’est une grande et belle femme qui nous a quittés, une personnalité importante des Amitiés kurdes de Bretagne, du monde associatif et culturel rennais. C’est avec honneur et profond respect que nous prendrons la suite de ce que tu as initié et que nous tâcherons d’amener avec nous ce rayon de bonheur que tu portais en toi.”