A l’occasion du débat au Conseil municipal de Rennes concernant un vœu de soutien aux élus kurdes injustement emprisonnés, Fabrice Marzin, conseiller municipal d’opposition centriste, membre du comité rennais de soutien à François Bayrou, a souhaité s’attarder quelques peu pour dire les convictions et les valeurs que défend l’Alliance Citoyenne (MoDem) sur les sujets de politique internationale, comme celui de la question kurde, dans un contexte où les intérêts économiques et stratégiques priment sur les droits des peuples.
Il est difficile au peuple kurde de faire entendre sa voix. Les États-Unis comme les États européens ménagent souvent la susceptibilité de la Turquie, alliée stratégique de l’Alliance atlantique dans une région instable et dont le sol contient la majeure partie des ressources pétrolières mondiales. La Turquie est aussi un partenaire commercial important pour la France, qui ambitionne de faire passer ses échanges avec la Turquie de 10 à 15 milliards d’euro entre 2009 et 2012. En échange, la France a accepté de signer des accords de coopération en matière de lutte contre le terrorisme ce qui peut paraître une bonne chose. Mais, on sait par ailleurs que toute forme d’opposition à la politique d’Ankara peut conduire ses auteurs à la prison au motif de participation ou de soutien à des organisations souvent qualifiées rapidement de “terroriste”, même s’il s’agit souvent de simples expressions publiques dans des journaux, ou lors de manifestations utilisant la langue kurde.
Deux millions de Kurdes vivent en Syrie
Fabrice Marzin pense aussi à la Syrie et les dramatiques événements qui s’y déroulent actuellement sont l’occasion pour lui de dire sa solidarité avec le peuple syrien dans son ensemble. Il note que les médias occidentaux ne s’intéressent pas à la contestation kurde de Syrie parce que le régime concentre sa répression sur Homs, sans doute, mais aussi parce que les Kurdes de Syrie veulent une autonomie démocratique et que, de ce point de vue, ne font absolument pas confiance au Conseil national syrien (CNS) soutenu par les Etats-Unis, les monarchies du Golfe, la France et la Turquie. Ils sont rejoints d’ailleurs sur cette position par les autres minorités chrétiennes ou druzes.
L’intangibilité des frontières pourrait être remise en cause
Fabrice Marzin poursuit :
Cependant un événement pourrait bouleverser la géopolitique imaginée par les puissances européennes en 1920. Lors d’une réunion à Erbil le 19 février dernier sous l’égide du président Massoud Barzani – président du gouvernement autonome du Kurdistan irakien – les partis politiques kurdes d’Irak, d’Iran, de Syrie et de Turquie, ont clairement revendiqué le droit à l’autodétermination pour tous les Kurdes (40 millions de personnes à cheval sur 4 frontières). La solution et l’avenir pour le peuple kurde passe nécessairement par une solution vraiment fédérale dans le cadre des États existants à l’image de ce qui existe aujourd’hui en Irak avec la nouvelle constitution ou alors en dehors du principe de l’intangibilité des frontières si des solutions rapides ne sont pas mises en œuvre pour garantir véritablement les droits du peuple kurde.
Et de rappeler que le tracé de ces frontières date de 1920 et qu’en 1920, le traité de Sèvres prévoyait notamment la possible autonomie des provinces kurdes avec à terme la création d’un État kurde indépendant. Ce n’est qu’en 1923 que le traité de Lausanne revient sur cette possibilité suite à un accord entre Mustapha Kemal et les puissances européennes.
André Métayer