Comme chaque année, les Amitiés kurdes de Bretagne sont à Douarnenez à l’occasion du Festival de cinéma, à la rencontre des Douarnenistes et des festivaliers pour leurs présenter les tapis tissés de Hakkari mais aussi pour leur parler des Kurdes, de leur situation, de leur combat.
Depuis 2004, des liens étroits se sont tissés entre la Bretagne et l’atelier Rengin de Hakkari, au cœur du Kurdistan de Turquie, près des frontières avec l’Irak et l’Iran. Le contact ne s’est jamais interrompu tant il repose sur de fortes relations humaines et sur une coopération socio-économique et culturelle authentique : la vente de kilims, ce sont autant de rencontres qui permettent de parler des droits culturels et politiques du peuple kurde.
En mars dernier, une délégation AKB est allée rendre visite aux tisseuses de l’atelier Rengin, fières de perpétuer la mémoire du peuple kurde : “à travers nos kilims, c’est le peuple kurde que nous voulons faire connaître.” Elles étaient heureuses, ces jeunes femmes de bavarder et de faire partager leur repas. Elles ont entre 17 et 28 ans, elles aiment faire la fête. Mais le travail de tissage est dur : il se fait à genoux devant un métier vertical. “Oui notre travail est difficile”. Sur les kilims alternent des motifs joyeux et des motifs graves. Le serpent à deux têtes évoque les mensonges, puis les deux mains sur les hanches évoquent l’espoir, la chance. Beaucoup de motifs rappellent la tradition pastorale de la région, anéantie par la politique de la terre brûlée : patte de chèvre, cornes de bélier qui symbolisent le courage. Dans les frontières du kilim, il y a des dos à dos, des scorpions qui évoquent les tensions à l’intérieur de la communauté, suivis immédiatement par une ligne de couleurs choisies qui trace les sandales de la mariée. C’est le signe de l’espoir qui renaît sans cesse. Le kilim, c’est comme dans la vie, il faut trouver l’équilibre, l’équilibre du balancier qui va et qui vient.
André Métayer