Plusieurs centaines de policiers ont effectué une trentaine de perquisitions en Belgique et interpellé une vingtaine de Kurdes, dont les journalistes et employés de la chaîne de télévision par satellite en langue kurde Roj TV, basée en Flandre, pendant que des militants kurdes affrontaient la police devant ses locaux. Les émissions de Roj TV ont donc été interrompues, comme celle de la radio basée dans ses locaux.
La police a utilisé une force démesurée lors du raid sur Roj TV. Le système de transmission par satellite a été débranché, les ordinateurs et l’équipement malmenés. Les employés de la station ont été emmenés menottés (quotidien belge Der Standaard).
Les manifestants kurdes ont accusé la police belge d’avoir été aidée par des policiers turcs lors de l’intervention dans les locaux de la télévision, mais il s’agirait de policiers belges d’origine turque[[Les Kurdes maintiennent leurs accusations : ces policiers auraient tenu en turc des propos haineux et auraient employé les mêmes méthodes qu’en Turquie, comme, par exemple, la façon de passer les menottes. Cette accusation grave mérite attention.]] (quotidien belge De Morgen).
La Coordination démocratique du Peuple du Kurdistan en Europe (CDK) appelle à manifester partout en Europe et notamment à Bruxelles.
En tant que Kurdes vivant en Europe, nous disons qu’il faut que cessent ces attaques injustes et anti-démocratiques contre nos institutions kurdes, contre nos associations kurdes ; notre peuple et ses amis ne doivent pas rester silencieux face à ses atteintes aux droits d’association, face aux atteintes à la liberté de la presse.
Nous appelons toute la presse kurde, tous les médias des différents pays européens à manifester leur solidarité avec Roj TV ; nous sollicitons le soutien de nos amis, les intellectuels et les forces démocratiques des différents pays d’Europe.
La CDK blâme cette politique qui vise à entraver la liberté d’action et d’expression du peuple kurde en voulant fermer Roj TV et interdire ses institutions ; elle dénonce les mises en garde à vue des personnalités politiques comme Remzi Kartal et Zubeyir Aydar, dont les activités en faveur du peuple kurde sont déployées au grand jour et connues de tous ; elle demande aux pays européens de libérer immédiatement toutes les personnes mises en garde à vue ou incarcérées.
De son côté, le BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie), par la voix de son représentant permanent en Europe, Eyyup Doru, un temps mis en garde à vue, rappelle que la Turquie, tout au long de son histoire, a toujours usé en politique de méthodes répressives, ce qui lui a valu d’être à maintes reprises condamnée par la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Alors que le BDP est devenu, malgré la constitution anti-démocratique de la Turquie, un parti politique légal, officiellement reconnu par la Grande Assemblée Nationale de Turquie, en remplacement du DTP, la Belgique, soi-disant “Capitale de la Démocratie” a saisi les documents et les ordinateurs du Bureau de la Représentation du BDP à Bruxelles et mis en garde à vue son représentant en Europe ; nous disons avec force que cette situation est inacceptable et que nous ne resterons pas silencieux devant cette injustice intolérable. Nous allons saisir la justice et utiliser toutes les voies de recours. Nous allons agir et revendiquer sur des bases démocratiques.
André Métayer