Un évènement important va se dérouler dimanche en Turquie avec le deuxième tour de l’élection présidentielle. Les Kurdes, pour barrer la route au président sortant Erdoğan, avaient fait le choix de ne pas présenter de candidat, espérant que ce dictateur qui bafoue les droits de l’homme et emprisonne à tour de bras, serait ainsi battu au premier tour par Kemal Kılıçdaroğlu, le leader du Parti républicain du peuple (CHPParti républicain du Peuple (Cumhuriyet Halk Partisi), parti kémaliste et nationaliste de centre-gauche. More), le parti créé par Atatürk, social-démocrate, laïc et nationaliste, à la tête d’une coalition, « l’alliance de la nation » – un cartel de six partis assez hétéroclites regroupant autour du CHPParti républicain du Peuple (Cumhuriyet Halk Partisi), parti kémaliste et nationaliste de centre-gauche. More différentes sensibilités : ultra-nationalistes d’extrême-droite, militants de l’islam politique, ainsi que libéraux-conservateurs. Les Kurdes espéraient, et espèrent toujours, que Kemal Kılıçdaroğlu, une fois élu, n’oubliera pas qu’il doit sa victoire aux voix apportées par les Kurdes qui ont choisi de ne pas lui opposer un candidat, sans pour autant faire partie de sa coalition. Un accord de dernière minute entre Kemal Kılıçdaroğlu et Ümit Özdağ, chef du parti ultranationaliste Victoire (Zafer) vient de jeter le trouble. Un accord au terme duquel un engagement serait pris de maintenir la pratique consistant à destituer les administrateurs locaux ayant des « liens terroristes ». Le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More et le YSP (Parti de la gauche verte), après avoir consulté leur base, ont décidé de maintenir leur position : faire barrage à Erdoğan,
Le Parti démocratique des peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) et le Parti de la gauche verte (Yeşil Sol) ont annoncé qu’ils continueront à s’opposer à Erdoğan au second tour de l’élection présidentielle… Depuis 2016, presque tous les conseils municipaux remportés par le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More lors des élections locales de 2014 et 2019 ont été volés par des administrateurs nommés par Erdoğan. Depuis les dernières élections locales de 2019, le gouvernement Erdoğan a limogé tous les 65 maires HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More des régions kurdes du pays, sauf six, et les a remplacés par des administrateurs. Les municipalités qu’il a perdues à la suite d’élections, il les a pillées par des actions arbitraires. Peu avant les élections, le 14 mai, son ministre de l’Intérieur ultranationaliste Süleyman Soylu a expliqué comment Erdoğan avait agi arbitrairement contre les municipalités détenues par le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More : “Erdoğan m’a ordonné de saisir les 65 municipalités que le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More a gagnées aux élections. Dans les 48 heures, le matin, j’ai arrêté tous les co-maires et nommé des administrateurs”.
On peut donc être soucieux. D’autant que les résultats des élections législatives sont en deçà des espérances. L’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More, bien qu’en recul, garde la majorité grâce à ses alliés du MHP (extrême droite) et le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More (sous le coup d’une dissolution), qui s’est présenté sous l’étiquette YSP aux élections législatives, n’a pas, tout en faisant des percées inattendues dans des circonscriptions, surmonté complétement son handicap : la majorité de ses cadres sont emprisonnés sous l’accusation fallacieuse de « terrorisme » et le déroulement des opérations de votes ont été l’objet de nombreuses irrégularités, menaces, pressions, au terme d’une campagne où tous les moyens d’information ont été confisqués au profit du parti majoritaire et du président sortant.
A l’issue de ces élections, soyons prêts à toutes les éventualités. Dans tous les cas, les Kurdes auront besoin de la pression internationale pour obliger l’Etat turc à négocier une paix juste et durable signée par tous les belligérants, avec, comme première étape, la libération des milliers de détenus emprisonnés pour des raisons politiques.
André Métayer