Les Mères du Samedi et l’Association turque des Droits de l’Homme (IHD) manifesteront samedi à Diyarbakir, Batman, Cizre et autres villes kurdes en Turquie. Une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) qui se trouve actuellement à Diyarbakir a pu assister le 14 avril à l’un de ces sit-in sur une des grandes places de la ville métropolitaine, “le Parc des statues”, au milieu d’une foule nombreuse et recueillie, entourée d’un imposant dispositif policier armé de matraques, d’appareils photos et de cameras.
C’est depuis le 27 mai 1995 que les Mères du Samedi manifestent chaque samedi place Galatasaray à Istanbul pour dénoncer les disparitions de l’un de leurs proches au cours d’opérations militaires, d’arrestations policières et de mises en garde à vue. AKB (Délégation rennaise Kurdistan à cette époque) avait filmé l’un de ces rassemblements dans des conditions difficiles en mai 1997.
Depuis 17 ans, les Mères du Samedi exigent du gouvernement des explications. Leurs protestations gagnent aujourd’hui toute la région kurde de Turquie.
Selahattin Demirtaş, député de Hakkari, co-président du BDP (parti Pour la Paix et la Démocratie) a, lors d’une longue intervention, fustigé la politique gouvernementale qui a couvert et continue de couvrir les auteurs de ces crimes, toujours impunis : aucune enquête sérieuse n’a été diligentée pour retrouver ces disparus, ni pour appréhender ceux qui les ont commis et pour cause ! Les gouvernements successifs ont été complices quand ils n’étaient pas les commanditaires :
Combien de villages incendiés? Combien d’arrestations et d’incarcérations? Combien de cas de tortures? Combien d’assassinats? Combien de disparitions “à auteurs inconnus”? L’État n’a pas plus de légitimité à Diyarbakır, parce qu’il n’y a pas de justice pour les Kurdes. Les agences gouvernementales ne fonctionnent que pour arrêter et tuer les Kurdes au lieu de rechercher les responsables des disparitions, comme par exemple ceux de la disparition d’Erol Börü. C’est à l’Etat de persuader le peuple turc de la nécessité de trouver une solution pour la question kurde.
Selahattin Demirtaş a dénoncé également la carence du gouvernement AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans l’attaque délibérée de l’aviation turque contre les civils de Roboski et qui refuse de poursuivre les donneurs d’ordre. Ce gouvernement AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More qui maintient Abdullah Öcalan dans un isolement inhumain alors qu’aucune solution de la question kurde ne peut être trouvée sans sa participation. Ce gouvernement AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More et son ministère de la justice qui refusent d’entendre les doléances des détenus grévistes de la faim.
Au cours de ce sit-in, honorant en particulier la mémoire d’Erol Börü, symbole d’un jour d’un de ces nombreux disparus anonymes, Selahattin Demirtaş a redit sa détermination pour que justice soit rendue à tous.
André Métayer