A l’occasion des élections municipales du 31/03/2019, une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne s’est rendue en Turquie à l’appel du Parti de la Démocratie des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) et a rencontré à Diyarbakir Me Emin Aktar, l’avocat principal de Gültan Kışanak, co-maire de la ville métropolitaine de Diyarbakir incarcérée depuis octobre 2016, destituée et condamnée à 14 ans d’emprisonnement. La délégation était porteuse d’une lettre de Nathalie Appéré, maire de Rennes, rappelant à sa collègue et amie Gültan Kışanak les nombreuses interventions de la ville de Rennes en sa faveur, et l’assurant de son soutien. Par l’entremise de Me Aktar, cette lettre est bien arrivée à sa destinataire, qui a répondu le 22 avril. La réponse “officielle” tarde à arriver en mairie de Rennes, retardée sans doute – voire bloquée – par l’administration pénitentiaire, mais son contenu a traversé les murs de la censure et a été publiée dans la presse en Turquie (Yeni Yaşam, “Vie Nouvelle”).
Des liens anciens unissent les deux villes, Rennes et Diyarbakir
Dans sa réponse, Gültan Kışanak, qui fait preuve d’un courage exemplaire et émouvant, évoque les liens déjà anciens qui unissent les deux villes :
Kisanak-2019-04-22-Apperec’est une amitié qui repose sur la lutte pour la protection des valeurs de paix, de défense des droits de l’Homme et des droits des Femmes, et plus généralement de toutes les valeurs historiques qui sont communes à l’Humanité. Nous luttons pour créer un avenir commun sur la base de ces valeurs. Elle évoque aussi pudiquement les conditions carcérales de toutes ces femmes, détenues à la prison de type F de Kocaeli : en s’en prenant à nous, ce sont les acquis des femmes qu’on vise. Mais malgré tout, les femmes continuent de lutter la tête haute. Et votre soutien ne peut que nous renforcer dans notre lutte. Condamnée à une lourde peine pour des motifs dérisoires, elle sait que la cible n’est pas sa personne, c’est la démocratie, la politique légale, la liberté d’expression et la lutte pour les droits des femmes que l’on condamne.
“La couleur pourpre de la politique kurde”
Gültan Kışanak, qui a travaillé comme journaliste pendant de nombreuses années avant sa percée politique, a écrit un livre du fond de sa prison : “Kürt Siyasetinin, Mor Rengi” (La couleur pourpre de la politique kurde), réalisé à partir d’interviews et de lettres de femmes politiques kurdes détenues, comme elle, dans diverses prisons turques :
j’ai écrit ce livre comme une réponse à tout ce qui se passe. Je veux faire savoir que, même emprisonnés, nos cerveaux et nos cœurs demeurent libres. Nous, les femmes, nous vivons des expériences de lutte très différentes selon les endroits où nous nous trouvons. C’est pourquoi je trouve qu’il est important que ce livre soit traduit dans différentes langues.
André Métayer