Monsieur,
Le tribunal correctionnel de Rennes vous a condamné, ce mardi 6 août, à trois années d’inéligibilité, une peine d’emprisonnement de six mois avec sursis et 10 000 € d’amende, pour abus de confiance au préjudice d’une association d’insertion professionnelle que vous avez présidée jusqu’en juin 2017, date de votre élection, mais dont vous avez continué à utiliser la carte bancaire jusqu’en décembre 2017, alors que vous avez signé de votre propre main le procès-verbal de dissolution le 1er septembre 2017. Vous êtes condamné pour avoir utilisé l’argent de l’association à des fins personnelles, pour un total de 21 930 €, dont 15 000 € de frais de bouche. Aux accusations du procureur de la République qui a relevé des “manquements réitérés particulièrement nombreux” faits “en connaissance de cause et jusqu’en décembre 2017”, vous avez opposé une défense désarmante de légèreté, avouant du bout des lèvres que vous avez été peut-être “négligent”. Le tribunal ne s’est pas laissé abuser. Pour autant, vous n’avez pas hésité à faire appel, appel qui vous permet entre autres de continuer à toucher votre confortable indemnité parlementaire. C’est donc nous, les contribuables, qui payeront l’amende à laquelle vous avez été condamné. Vos opposants politiques sont indignés et demandent unanimement votre démission au nom de la crédibilisation de la fonction de député.
Mais ils ne sont pas les seuls. Imaginez la réaction des adhérents notre association, les Amitiés kurdes de Bretagne, dont le siège social se trouve dans votre circonscription, en apprenant que vos notes d’hôtel aux Pullman 4/5 étoiles de Marrakech et de Paris sont réglées avec la carte associative et remboursées par l’Assemblée Nationale sur votre compte personnel : “si l’association est débitée et votre compte personnel est crédité, c’est tout gagnant” soulignera la présidente du tribunal. Sachez, Monsieur, que ces militants, quand ils partent en délégation dans les différentes parties du Kurdistan, pour des missions autrement délicates, ne descendent pas dans des palaces et que tous leurs frais “de bouche” sont à leur charge, ainsi que leur hébergement et une partie de leur frais de déplacement.
Votre comportement qui jette un discrédit sur toutes des associations au moment où elles vivent des situations particulièrement difficiles, est jugé sévèrement.
Dans un communiqué, le groupe politique auquel vous appartenez déclare que votre démission de député ou votre mise en congé du groupe n’est pas d’actualité, au motif que vous avez décidé d’interjeter appel de la décision et que la présomption d’innocence continue de s’appliquer. Après une erreur de casting manifeste, votre groupe politique commet une faute politique : il ferait mieux de vous conseiller fermement de démissionner “pour mieux assurer votre défense”, selon la formule consacrée, et faire taire ainsi les extrémistes de tous poils qui ne manquent pas une occasion pour lancer le “tous pourris” à l’égard des élus de la République, des fonctionnaires et des responsables associatifs dont la grande majorité ont un comportement irréprochable.
Il est urgent, Monsieur, de rendre votre écharpe.
André Métayer