La décision de libérer Leyla Güven, détenue depuis janvier 2018, a été prise le 25 janvier 2019 par la 9ème Cour pénale de Diyarbakır, lors de la 5° audience d’un procès dont les chefs d’accusation sont “création et commandement d’une organisation armée”, “propagande pour une organisation illégale” et “opposition à la loi 2911”. Cette remise en liberté conditionnelle a été assortie d’une interdiction de quitter le territoire. Le procès a été ajourné au 29 mai.
Leyla Güven, coprésidente du DTK et députée HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More de Hakkari, était en grève de la faim depuis 79 jours, pour protester contre l’isolement carcéral exercé sur le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan. Cette libération n’est pas le fruit du hasard. Les autorités turques craignaient-elles les conséquences d’un décès d’une détenue gréviste de la faim ? Si oui, elles ont du souci à se faire car 300 autres détenus aussi déterminés vont continuer leur mouvement jusqu’à la mort.
La pression internationale n’y est sans doute pas étrangère non plus et nous avons ici relaté les actions venant de la France, des différentes forces politiques et associatives françaises mais également des instances européennes. Des initiatives comme celles de la Ville de Rennes, dont l’intervention de Mme Bougeard, adjointe à l’international, lors de la séance du conseil municipal du 21 janvier sont aussi à mettre à l’actif de cette mobilisation.
Rennes-2019-01-21-intervention_cm_diyarbakirC’est un premier pas et tous les Kurdes qui se sont mobilisés dans le monde entier, y compris à Rennes, sont soulagés, certes, mais toujours mobilisés, comme le déclarent les femmes kurdes de Strasbourg (Zin 67) :
nous sommes soulagées de la savoir libre, entourée de ses ami-e-s et familles. Mais l’action continue, elle est toujours en grève de la faim et risque toujours à tout moment la mort. Nous devons encore plus lutter aujourd’hui, pour que ces personnes en grève de la faim obtiennent un résultat, par un règlement diplomatique et démocratique, mettant fin au régime d’isolement d’Abdullah OCALAN. Rappelons ici l’isolement est un crime contre l’humanité, une torture, un droit bafoué par la Turquie, que le Conseil de l’Europe et le CPT ont le pouvoir de faire reculer la Turquie dans ce non-respect des droits de l´Homme.
A sa sortie, en dépit des forces armées qui avaient pris position autour de la prison pour interdire tout rassemblement, Leyla Güven a pu s’exprimer par la voix de Pervin Buldan, députée, co-présidente du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More :
je suis maintenant à l’extérieur, mais mon esprit, mon corps et mes pensées sont toujours là-bas où j’ai laissé mes amis, détenus en prison pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Pour être franche, c’est un moment plein d’émotion quand on laisse des gens à l’intérieur et sortir est difficile, même si cette libération aurait dû, juridiquement parlant, arriver beaucoup plus tôt. Ce qui est important, c’est de mettre fin à toutes les injustices dans toutes les prisons et de sortir Abdullah Ocala de l’isolement carcéral dans lequel il est maintenu.
Pervin Buldan confirme : Leyla Güven continue sa grève de la faim.
André Métayer