Mala Jîn (« Maison des femmes ») est une brochure qui vise à faire connaître et reconnaître le travail et l’engagement des femmes kurdes au RojavaKurdistan occidental (Kurdistan de Syrie), divisé en trois cantons : Cizirê (le canton le plus peuplé comprenant notamment la ville de Qamişlo), Kobanê et Efrin. More, région située au nord et au nord-est de la Syrie et qui vient d’être publiée par Kongra-Star, plate-forme regroupant toutes les organisations de femmes. Mala Jîn est aussi le nom de l’une de ces organisations qui aident et soutiennent les femmes en difficulté dans leur vie quotidienne. Violence conjugale, mariage forcé ou précoce, divorce sans soutien économique, volonté d’étudier non acceptée par la famille…, autant de problèmes que tentent de résoudre par la médiation ces maisons des femmes qui travaillent activement pour transformer la société, se référant en cela au leader charismatique kurde, Abdullah Öcalan, qui écrivait, dès 1999 :
le niveau de liberté et d’égalité de la femme détermine la liberté et l’égalité de tous les autres secteurs de la société.
Leur slogan pourrait être : “femme autonome dans une société libre”.
Femme autonome dans une société libre
La libération des femmes a joué un rôle de premier plan dans la construction de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES). Dans les zones contrôlées par l’AANES, la société a été transformée par nul autre que des femmes unies, s’organisant, en grande partie sous l’égide de l’organisation Kongra Star initialement appelée Yekitiya Star, fondée en 2005, sous le régime du parti Baath. Les premières années ont été difficiles et dangereuses pour les femmes de cette organisation kurde interdite. Contraintes de vivre dans la clandestinité, ciblées par les forces de sécurité, arrêtées et même torturées, elles ont, malgré cela, créé sous le régime Baath des bases qui se sont avérées solides lorsque la crise syrienne a éclaté. Dès le premier jour, Yekitiya Star a joué un rôle clé (préface de Mala Jîn).
Le Conseil des femmes de Zenobia
L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) libérant les régions à majorité arabe de Manbij, Tabqa, Raqqa et Deir Ezzor de l’État islamique (ISIS) et les incluant dans son projet, les femmes arabes ont réalisé qu’elles étaient confrontées aux mêmes défis que les femmes kurdes. C’est ainsi qu’est né, en 2021, le Conseil des femmes de Zenobia :
le Conseil de Zenobia remplit, dans la plupart des régions arabes, de nombreuses fonctions du Kongra Star. Le système politique de l’AANES est basé sur quatre piliers : l’égalité des sexes, l’autodéfense, la diversité culturelle et religieuse et l’écologie sociale.
Pour mettre ces principes en pratique, de nombreuses structures se sont constituées au sein de l’AANES pour lutter contre les comportements patriarcaux dans la société. L’une de ces structures est Mala Jîn, ce lieu où les femmes peuvent se rendre pour obtenir de l’aide, du soutien, de la médiation, des conseils et de la protection.
André Métayer