800 manifestants à Marseille, 700 à Nantes et 200 à Paris ont répondu à l’appel de la coordination nationale des associations amies du Peuple kurde pour dénoncer la répression anti-kurde que conduisent les autorités turques avec la complicité coupable de la France et de l’Union européenne.
De nombreuses associations et partis politiques[[Solidarité et Liberté (Marseille), Amitiés kurdes de Bretagne, Amitiés Corse Kurdistan, Amis du peuple kurde (Strasbourg), AMARA, Maison du Peuple Kurde (Rennes), Fédération des Associations Kurdes en France (FEYKA), Centre d’Information du Kurdistan (CIK Paris), Centre Culturel Kurde Ahmet Kaya (Paris), Association de la jeunesse kurde (Marseille), Maison du Peuple kurde (Marseille), Union des Etudiants du Kurdistan (Marseille), Comité de soutien de Millau, Comité de soutien de Montpellier, Collectif Uni-es Contre une Immigration Jetable (Nantes), Ligue des droits de l’Homme (sections LDH 13, 44 et 49), Mouvement de la Paix (collectif Bretagne et PACA-Languedoc Roussillon), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP 13 et 35), Maison Internationale de Rennes (M.I.R.), Relais Etrangers (Rennes), C.I.M.A.D.E. (Rennes et Nantes), Actions des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Survie 13, Parti communiste français (PCF 13), Nouveau Parti anticapitaliste (NPA 13 et 44), Parti Gauche 13, Mouvement Jeunesse Communiste France (MJCF13), Union des Etudiants Communiste (UEC13), Per a Pace, Rouge Vif, Breizhistance-PSB, Alternative Libertaire…]] ont co-organisé ou apporté leur soutien à ces manifestations qui ont donné lieu samedi 10 avril à 15 heures à un rassemblement à Paris (au Champ de Mars devant le mur de la Paix) et à des défilés, tant dans les rues de Marseille (du rond-point du Prado jusqu’au consulat de Turquie) que dans celles de Nantes (de la place Royale jusqu’à la préfecture de Région en passant par le Bouffay, quartier historique et très fréquenté du centre-ville).
Les prises de paroles, les tracts, les slogans, les lettres à destination des autorités turques et françaises ont rappelé que les Kurdes demandent à la Turquie le respect des droits culturels et politiques, la liberté d’expression, la reconnaissance de l’identité kurde, des négociations de paix entre les belligérants, la libération des 8 000 détenus politiques, y compris celle de leur chef Abdullah Öcalan.
Ce qui se passe là-bas n’est pas acceptable : depuis avril 2009, la Turquie procède à des arrestations massives de militants kurdes ; plus de 1 500 maires, élus locaux, anciens maires, anciens députés, personnels communaux, défenseurs des droits humains, syndicalistes, journalistes, avocats, ont été jetés en prison et le parti pro-kurde DTP, légitimé par un succès éclatant aux élections locales de mars 2009, a été dissout par la Cour constitutionnelle.
Plus de 1 000 enfants de 10 à 17 ans sont également détenus et certains ont été condamnés à de lourdes peines pour avoir jeté des pierres sur des tanks.
Mais la répression de s’arrête pas là : le maire de la ville Métropolitaine de Diyarbakir, Osman Baydemir, vient d’échapper à une quatrième tentative d’assassinat ; Leyla Zana, ancienne députée, lauréate du prix Sakharov, qui a déjà purgé une peine de plus de 10 années de prison, a été le 7 avril dernier condamnée par la Cour pénale de Diyarbakir à 3 ans en prison pour des faits de propagande pour une organisation “terroriste” ; Mehdi Tanrikulu, rédacteur en chef du seul quotidien en langue kurde (Azadiya Welat « Pays libre ») qui comparaissait libre devant la 4e chambre de la cour d’assises d’Istanbul a été incarcéré le 8 avril 2010 pour s’être exprimé en kurde[[Rappelons qu’il est requis contre Vedat Kursun, ancien rédacteur en chef de ce journal, 525 ans de prison !]], nous apprend Reporters sans Frontières.
Au lieu de condamner ces atteintes à la liberté d’expression et d’opinion, la France et autres pays européens échangent “Kurdes contre contrats” :
La France et la Turquie se sont fixées pour objectif d’augmenter de 50%, à 15 milliards d’euros, le volume des échanges commerciaux d’ici 2012,
a déclaré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, en visite à Paris en ce début du mois d’avril.
La France, un mois avant sa venue, a déclenché des opérations contre les Kurdes et les associations de soutien, ce qui a permis au Ministère des Affaires étrangères de déclarer :
Nous évoquerons (avec RT Erdogan) notre travail en commun pour la lutte contre le terrorisme et, en particulier, notre coopération avec la Turquie dans son combat contre le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More qui figure sur les listes des organisations terroristes de l’Union européenne. Nous rappellerons les décisions prises par notre pays pour démanteler les ramifications de cette organisation sur notre territoire.
Ceci est inacceptable.
C’est inacceptable de diaboliser un mouvement de résistance et de le considérer comme terroriste sans bases légales.
C’est inacceptable de harceler les partis politiques, les associations, les syndicats qui ont engagé un combat politique pour revendiquer des droits culturels, syndicaux et politiques et qui demandent l’ouverture de négociations sur la question kurde.
C’est inacceptable que l’OFPRA (Office français de Protection des Réfugiés et Apatrides) inscrive la Turquie sur la liste des pays “sûrs” pour lesquels les possibilités de demander l’asile sont extrêmement réduites, au moment même où ce pays s’enfonce dans une politique répressive.
Un mouvement de protestation s’organise et le vent de la révolte gronde.
Agissons ensemble pour que l’Europe et la Turquie entendent la voix de la raison : il n’y a pas d’autres issues qu’une paix négociée sur des bases politiques pour résoudre la question kurde.
Paix au Kurdistan.
André Métayer