Nous apprenons avec tristesse le décès de Necmettin Kiliç. Necmettin était une des grandes figures des Kurdes de Rennes, le “pater familias” respecté par toute sa grande famille, ses amis et de tous “ceux de Karapinar”. Il est arrivé à Rennes avec sa famille en 1999, fuyant la barbarie de la soldatesque de l’Etat turc qui avait en 1994 incendié leur village, Karapinar, car, disait-il, “nous avons refusé les armes pour lutter contre la guérilla. Alors, l’armée a organisé des opérations punitives contre Karapinar, comme elle le fit contre tous les villages récalcitrants”.1 Son fils ainé Ibrahim avait rejoint le maquis et lui avait déjà dû se réfugier en Allemagne pour échapper au sort réservé aux sympathisants du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More. Le portrait d’Ibrahim, tué au combat, est toujours accroché au mur du salon. La blessure est toujours vive.
Les Amitiés kurdes de Bretagne ont accompagné nombre de familles kurdes dans leur quête pour obtenir leur titre de séjour. Ce fut toujours difficile mais, parfois, le succès était au rendez-vous. C’est ainsi qu’en 2007 Hava, une des belles filles de Necmettin, mère d’un petit garçon de 3 ans et demi, né et scolarisé à Rennes, dont la demande d’asile avait été rejetée, put, avec l’aide des avocats et celle de la mobilisation des parents d’élèves et des enseignants, obtenir un sursis suivi d’une régularisation.
En 2020 Necmettin retourne au pays pour revoir des amis, des cousins, des neveux vivant encore dans cette région de l’est anatolien qu’il avait quittée à regrets. Et c’est là que la Covid-19 l’a fauché et enlevé à l’affection des siens.
Les Amitiés kurdes de Bretagne adressent leurs sincères condoléances à Dilber, son épouse, à ses enfants Sako, Ayse, Zeytin, Antike, Feleknas et Mehmet, ainsi qu’à toute la communauté kurde.
André Métayer
- Karapinar, Délégation rennaise Kurdistan 2003, photos G. Le Ny, textes A. Métayer