Abdulkadir DİLSİZ a été condamné le 2 octobre dernier par le tribunal d’Izmir ; son procès avait été remis à plusieurs reprises et, brusquement, le verdict est tombé : 13 ans de prison ! 13 ans dans les cellules de type F.
Kadir est connu en Bretagne, notamment à Redon où il a résidé, comme un militant kurde et breton ; il avait aussi participé comme traducteur au montage du film de Régis Blanchard « Un hiver à Istanbul » présenté au festival de Douarnenez en 2002.
Plusieurs manifestations de soutien avaient été organisées, tant à Redon qu’à Rennes, rassemblant militants associatifs et personnalités politiques qui s’étaient unis pour demander la libération d’un homme “coupable ” d’avoir défendu la cause kurde et accusé sans preuve d’appartenir à une organisation “terroriste” : il aurait, -est-ce là un crime ?-, mis ses compétences techniques au service de ROJ TV une télévision émettant en langue kurde depuis le Danemark !
Les amis de Kadir vont continuer à le soutenir en lui envoyant des cartes postales, geste qui peut paraître dérisoire vu du monde libre mais qui prend toute sa signification à l’intérieur du monde carcéral, comme l’a écrit Kadir qui, du fond de sa cellule, continue son combat et arrive à adresser des nouvelles, quand il n’est pas puni d’interdiction de courrier, de promenade et de visites : “je viens de prendre une interdiction de communication d’un mois, écrivait-il le 28 mai dernier, (en raison de sa participation à une grève de la faim), c’est à dire que pendant un mois je serai privé de courrier”.
Une nouvelle sanction d’un mois est également venue au cours de l’été, vraisemblablement en relation avec la plainte cosignée par 64 détenus de la prison d’Izmir reprochant au directeur de la prison, à son adjoint, au psychologue et à deux responsables des “relations sociales” de s’arroger de pouvoirs arbitraires et exorbitants : que cette plainte soit classée sans suite le 30 juillet dernier par le procureur d’Izmir ne fut sans doute pas de nature à surprendre Kadir, lui qui écrivait, dans sa lettre de mai :
Je n’arrive pas à faire confiance à la justice turque qui arrive à condamner des petits enfants à 27 ans de prison pour avoir jeté des pierres. J’ai été torturé, lors de mon arrestation, au point qu’ils ont dû m’hospitaliser mais, malgré les procès verbaux de l’hôpital, la procédure n’a rien donné, faute de preuves disent-ils !.
André Métayer
Président des Amitiés kurdes de Bretagne