Une plainte a été déposée contre Osman Baydemir, ancien maire de la ville de Diyarbakir, au motif qu’il aurait traité de fasciste le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lors d’une prise de parole en juin 2012 devant le centre de détention de Van.
Inculpé “d’outrage à un agent public“, il risque deux ans de prison qui viennent s’ajouter à une condamnation de 6 000 livres turques (3 000 euros) dont il a déjà écopé pour les mêmes faits. Que lui reproche-t-on exactement ? Il aurait déclaré, alors qu’il protestait contre les arrestations et les incarcérations de membres de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCKUnion des Communautés du Kurdistan (Koma Civakên Kurdistan), fédération des organisations kurdes en Turquie. More), en s’adressant au Premier ministre : “vous n’êtes qu’un fasciste et ceux qui vous obéissent ne sont que des fascistes et des vils personnages comme vous”.
De nombreuses procédures sont déjà engagées contre Osman Baydemir. En janvier 2010, la 5ème Cour criminelle spéciale de Diyarbakir l’avait assigné à résidence, estimant que le maire métropolitain de Diyarbakir était “membre d’une organisation terroriste”. Ceux qui pensaient que cette mesure allait intimider l’ancien président de l’Association des Droits de l’Homme de Diyarbakir en ont été pour leur frais. Osman Baydemir, au fil des années, a gagné une réputation internationale et, en tant que maire de Diyarbakir et président de l’Union des Municipalités du Sud-est anatolien, il a siégé au bureau de l’organisation internationale des Cités et Gouvernements locaux unis et participé à de nombreux congrès à travers le monde. L’action menée en justice contre lui, pour des faits remontant à deux années, démontre la volonté du Premier ministre d’écarter un homme qui sera dans les prochains mois l’avocat de la cause kurde sur la scène internationale.
Le procès s’est ouvert le 10 juillet à Van, devant la 1ère Cour pénale. L’avocat général a requis deux ans de prison. Le procès est ajourné au 6 novembre prochain.
André Métayer