Jean-Michel Boucheron, Député d’Ille-et-Vilaine, s’est rendu en Turquie fin octobre et a pu, au cours d’un entretien “difficile”, parler directement avec le Premier ministre de Turquie Recep Tayyip Erdogan de la question du terrorisme et des Droits de l’Homme, mais pas seulement. Vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, il conduisait en effet, dans le cadre d’une visite de la Sous-commission sur la coopération transatlantique en matière de défense et de sécurité de l’OTAN, avec Julio Miranda Calha, Député de Portalegre (Portugal) et Président de la Commission de la défense et de la sécurité, une délégation de 14 parlementaires issus de 11 pays membres de l’Alliance qui s’est rendue à Istanbul et Ankara, du 26 au 29 octobre dernier.
La Turquie est le seul pays émergent de notre région du monde. Entretien de plus d’une heure un quart avec le Premier Ministre Turc Recep Tayyip ERDOGAN qui s’affirme de plus en plus comme un leader politique majeur de l’histoire de la Turquie et du monde musulman. Les rapports à l’Union Européenne et à l’OTAN sont les thèmes majeurs abordés par Jean-Michel Boucheron avec la nouvelle politique étrangère turque vis à vis d’Israël et de l’Iran. La démocratie, les droits des minorités, la définition du terrorisme… tous les sujets ont été abordés frontalement.
Nous savons également que le Premier ministre, chef du parti majoritaire islamo-conservateur “Justice et Développement” (AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More), a reproché au député français le laxisme de la France qui ne livre pas à la Turquie les “terroristes” basés sur son territoire et faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international (INTERPOL), ce à quoi lui a été rétorqué qu’en France il y a un Etat de droit et que seuls les juges indépendants peuvent décider une extradition, ce qu’ils ont refusé de faire ; il lui a été demandé par ailleurs pourquoi il refuse au PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More ce qu’il réclame pour le Hamas, la chance de s’engager dans un processus démocratique ?
JM Boucheron nous a confié qu’il a le sentiment, au terme de cet entretien, que Recep Tayyip Erdogan voudrait bien tourner la page du génocide arménien et de la question kurde pour ne se consacrer qu’à la mise en place d’une grande politique étrangère pour la Turquie, avec notamment une entrée réussie dans l’Union européenne, car il entend faire jouer à son pays un rôle de premier plan au niveau régional et international.
Aura-t-il, pour régler ces questions, la vision et le courage politique qui ont permis à un de Gaulle de mettre un terme à la guerre d’Algérie? JM Boucheron réserve sa réponse.
André Métayer