Le Bureau politique du BDP appelle les parlementaires français et européens, les maires et les élus locaux, les militants politiques et tous les défenseurs des droits humains à venir assister en observateur, le 18 octobre 2010 à Diyarbakir, à l’ouverture du procès qui va juger 151 personnalités kurdes, parmi les 1 500 prévenu(e)s qui croupissent, certain(e)s depuis 18 mois, dans les geôles turques.
C’est, depuis les purges staliniennes, le plus grand procès politique en Europe : il fait suite au succès kurde obtenu lors des élections locales et régionales de mars 2009.
C’est le plus grand mouvement de répression organisé contre des personnalités politiques pro-kurdes : des dirigeants du DTP, parmi lesquels les vice-présidents du parti, ont été, immédiatement après ce succès, arrêtés et placés en détention ; depuis, aucun n’a été traduit en justice ; les chefs d’accusation ne sont toujours pas connus. À ce jour, quelque 1 500 personnalités politiques kurdes ont été arrêtées et détenues, certaines depuis le 14 avril 2009. Les responsables politiques arrêtés appartiennent à la catégorie de ceux et de celles qui sont les plus actifs pour mettre en place la démocratie locale, en dépit du harcèlement continu de l’État turc.
La Cour a décidé d’ouvrir, le 18 octobre 2010 à Diyarbakir, le procès de 151 d’entre eux, tous des hommes et des femmes politiques kurdes et défenseurs des droits humains. (communiqué du BDP).
Il s’agit de 41 femmes et de 110 hommes. 108 sont toujours détenus ; 16 sont recherchés (parmi lesquels Remzi Kartal, ancien député du DEP[[Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak étaient députés du DEP (Parti de la Démocratie) quand ils furent condamnés à une peine de 15 ans d’emprisonnement. Le DEP interdit a été remplacé par le HADEP, puis le DEHAP, le DTP et aujourd’hui le BDP. Hatip Dicle et Selim Sadak, à nouveau incarcérés, font partie des “151”.]], Président de Kongra-gel, réfugié politique en Belgique ; Ahmet Dere, journaliste-écrivain réfugié politique en Europe) ; 26 ont été laissés en liberté, dont 7 sont sous contrôle judiciaire (parmi lesquels Osman Baydemir, maire métropolitain de Diyarbakir).
On compte 3 anciens députés du DEP, 25 maires, maires-adjoints et anciens maires, un président de « Conseil régional, » des conseillers municipaux, 28 dirigeants du DTP dont les 3 vice-présidents, l’ancien président du DEHAP, le vice-président de l’Association des Droits de l’Homme (IHD), le directeur général du DISKI (Direction de l’administration des eaux et canalisations de Diyarbakir), le chef de rédaction de Gün-TV, la coordinatrice et le secrétaire général du GABB (Union des Municipalités du Sud-est anatolien, dont le président est Osman Baydemir), le coordinateur général de l’association Agenda Local 21, un conseiller du président du BDP, des présidents et des administrateurs d’associations comme Göç-Der (aide aux personnes déplacées “en exil intérieur”), Meya-Der (aide aux orphelins et familles victimes de guerre), Tuhad-Der (aide aux détenus et à leur famille), IHD (défense des Droits humains), le Centre culturel de Mésopotamie (MKM), des avocats dont 2 défenseurs d’Abdullah Öcalan…
Deux prévenus toujours incarcérés, Leyla Güven (Maire de Viranşehir) et Şeyhmus Bayhan (Président du Conseil de la Région de Diyarbakir), sont membres du Conseil de l’Europe et siègent au Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux.
Un réquisitoire de 7 578 pages réclame des peines d’emprisonnement allant de 15 ans à la perpétuité. Le motif ? Non, le leitmotiv : terrorisme.
Rappelons que la Turquie est membre d’institutions internationales comme l’OTAN, l’OCDE, l’OSCE, le Conseil de l’Europe et le G20 ; qu’elle est candidate à l’entrée dans l’Union européenne, avec laquelle elle a conclu en 1995 un accord d’union douanière.
André Métayer