Adem Uzun, membre du conseil exécutif du Congrès national du Kurdistan (KNK) a été libéré le vendredi 9 août. Il avait été arrêté 6 octobre 2012 dans un bar de Montparnasse à Paris, dans ce qui ressemblait à un traquenard organisé pour faire “tomber” un haut dirigeant du “Parlement kurde en exil”. Natif de la région de Kayseri, Adem Uzun, descendant des familles kurdes déportées dans cette région du temps de l’empire ottoman, fut l’un des quatre négociateurs qui, entre 2008 et 2011, a activement participé aux discussions à Oslo avec les représentants de l’Etat turc. Il est bien connu des dirigeants politiques européens comme un défenseur d’une solution négociée à la question kurde. Chargé des relations extérieures, il a initié, dans le cadre des activités du KNK, un cycle de conférences annuelles sur le thème “L’Union européenne, la Turquie et les Kurdes”.
Mais il a fallu néanmoins dix mois de détention provisoire à la prison de la Santé, au cours de laquelle il clame son innocence, pour que l’accusation de trafic d’armes se dégonfle comme un ballon de baudruche : Adem Uzun n’était pas à Paris pour acheter des armes mais pour préparer le colloque que le KNK organisait le 12 octobre à l’Assemblée Nationale sur la situation des Kurdes de Syrie.
Dans une protestation indignée, le KNK notait à cette date que ce n’était pas la première fois qu’un pays européen s’en prenait à des membres du Parlement kurde en exil, suscitant des vagues de protestations. Qu’on se souvienne des campagnes pour la libération de Remzi Kartal, et d’Eyyup Doru.
Le KNK accusait également la France d’exécuter les ordres du Premier ministre du gouvernement islamo-conservateur de Turquie.
Adem Uzun, libéré, continue, infatigable, sa mission de diplomate à travers l’Europe, hier en France, aujourd’hui en Italie et demain ailleurs, sans doute à Erbil au Kurdistan oriental (Irak), où se prépare un congrès rassemblant toutes les organisations des quatre parties du Kurdistan et de la diaspora kurde, réunion capitale pour les Kurdes mais aussi pour le Moyen Orient.
André Métayer