Erol Önderoğlu, représentant de Reporters sans Frontières (RSF) en Turquie, Ahmet Nesin, journaliste et Sebnem Korur Fincancı, présidente de la fondation pour les droits de l’Homme de Turquie (TIHV), ont été inculpés pour « propagande terroriste » et mis en détention provisoire le 20 juin 2016 à Istanbul. Ils étaient dans le collimateur du gouvernement turc pour avoir participé à une campagne de solidarité avec le quotidien pro-kurde Özgür Gündem, en assurant symboliquement à tour de rôle la direction éditoriale de ce journal sans cesse interdit et sans cesse réapparaissant. C’est avec Özgür Gündem que la Délégation rennaise Kurdistan (devenue AKB) a découvert en 1995 l’horreur d’une répression s’abattant sur la presse, avec les portraits des 27 directeurs de ce journal assassinés depuis sa création en 1992 et les petits vendeurs de journaux cibles des tueurs des forces spéciales.
Erol Önderoğlu avait été mis en détention peu de temps avant l’ouverture du 39° festival de cinéma de Douarnenez auquel il était invité, festival dont le thème était “Peuples de Turquie”. Après plus de deux ans de procédure, le procureur a présenté son réquisitoire ce 27 février et demande une condamnation sur la base des trois chefs d’accusation : “propagande terroriste”, “apologie du crime” et “incitation au crime”. Une délégation internationale de RSF, emmenée par son secrétaire général Christophe Deloire, assistait à l’audience en signe de solidarité.
14 ans et demi de prison : c’est la peine que risquent Erol Önderoğlu et deux autres inculpés, Ahmet Nesin et Sebnem Korur Fincancı. Le verdict est attendu pour le 15 avril.
Reporters sans Frontières appelle à une vaste mobilisation internationale et invite tous les démocrates à signer la pétition pour exiger l’acquittement de ses trois défenseurs de la liberté d’expression.
André Métayer