La 12ème Chambre correctionnelle du tribunal d’Istanbul avait, le 9 février dernier, confirmé pour la 3ème fois l’acquittement de Pınar Selek.
C’était sans compter sur l’acharnement dont fait preuve le gouvernement AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More en la matière qui a interjeté appel deux jours après le verdict par la voix du Procureur de la 12ème Chambre de la Haute Cour criminelle.
La Cour suprême, celle-là même qui, par deux fois déjà, a cassé les décisions de relaxe et avait demandé une peine de prison à vie, va devoir se prononcer à nouveau sur une décision d’acquittement ! C’est une procédure inédite qui démontre pour le moins que le procès n’a, comme d’ailleurs celui des 151 de Diyarbakir, aucune fondement juridique. C’est une machination politique visant Pinar Selek non pour les faits qui lui sont reprochés[[Pınar Selek est accusée d’appartenir à une organisation terroriste et d’avoir commis un attentat à la bombe qui n’a jamais eu lieu. L’accusation s’appuyait sur des aveux, arrachés sous la torture, d’un militant du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More qui s’est rétracté par la suite.]], mais pour ce qu’elle est : une femme libre, féministe, antimilitariste, héritière d’une lignée familiale de militants de gauche[[Son grand-père fut député du Parti ouvrier turc (TIP) et son père, Alp Selek, avocat, inlassable défenseur des Droits de l’Homme.]], sociologue, connue pour ses recherches sur le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More), un sujet hautement subversif en Turquie.
Ils veulent me faire taire parce qu’ils ne supportent les critiques que j’ai émises à propos de l’armée, du règlement de la question kurde ou du génocide arménien ; ils le supportent d’autant moins que je suis une femme : c’est l’expression d’une virilité militariste et conservatrice,
constate Pınar Selek qui n’a rien perdu de sa combativité.
André Métayer