Pinar Selek, née à Istanbul, sociologue, chercheuse, éditrice de la revue Amargi, boursière du Pen Club “Ecrivains en exil” à Berlin et doctorante en Sciences politiques à l’Université de Strasbourg, va enfin pouvoir rentrer chez elle : la Cour d’assises d’Istanbul l’a définitivement acquittée, ce mercredi 9 février, d’un crime qu’elle n’avait pas commis.
Elle avait été condamnée à la prison à vie il y a 13 ans pour avoir participé, en association avec une entreprise terroriste, le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, à un attentat qui n’en était pas un puisqu’il fut prouvé par la suite que l’origine de l’explosion était accidentelle. Arrêtée, torturée, emprisonnée durant 36 mois, elle avait déjà été acquittée en 2006 mais le ministère public avait fait appel et la Cour de cassation l’avait renvoyée en Cour d’assises qui réclamait contre elle une peine de prison à vie pour “terrorisme présumé”.
AKB, qui avait appelé ses adhérents et sympathisants à manifester leur solidarité, se réjouit de cette victoire des forces démocratiques contre les “forces agissant au sein de la bureaucratie turque”. mais leur enjoint de rester vigilants : Pinar Selek a un nouveau rendez vous avec la justice turque le 22 juin.
Lors de son passage à Rennes, en novembre dernier, Pinar Selek avait conquis le public venu l’écouter : “être loin de chez soi, mais jusqu’où ?” lança-t-elle mystérieusement lors d’une conférence qui fut “un harmonieux mélange de philosophie, de poésie et de politique”, mais aussi l’expression d’une souffrance, celle de ceux qui, comme elle, sont forcés à l’exil.
André Métayer