Près de 300 grévistes de la faim dans 58 prisons en Turquie, 14 Kurdes grévistes de la faim à Strasbourg depuis le 17 décembre, des voix s’élèvent pour demander une intervention de la France

Les revendications sont clairement exprimées par 14 Kurdes en grève de la faim illimitée, relayées par un comité de soutien dans lequel on trouve Les Amis du Peuple kurde en Alsace, le Centre démocratique du Peuple kurde de Strasbourg, Zin (association des femmes kurdes), le MRAP Strasbourg, le PCF 67, le Mouvement de la Paix 67, Justice et Liberté, Partizan, le NPA, ACAP. Elles relaient celles de centaines de personnes également en grève illimitée depuis que la députée Leyla Güven a envoyé un signal, le 7 novembre 2018, depuis la prison de Diyarbakir où elle est détenue injustement :

  • fin de l’isolement total d’Abdullah Öcalan ;
  • visite du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants) à Abdullah Öcalan et à Leyla Güven ;
  • fin de l’invasion turque au Rojava ;
  • libération de tous prisonniers politiques en Turquie.

Communiqué des grévistes de la faim de Strasbourg

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Ce cahier de doléances s’adresse aux institutions européennes -en particulier au Conseil de l’Europe et au CPT – pour qu’elles sanctionnent la politique répressive du régime d’Erdoğan :

notre groupe de quinze militants politiques kurdes, dont un universitaire, un journaliste et un député, a lancé une grève de la faim à durée indéterminée le 17 décembre 2018, à Strasbourg. Le but de cette action est de mettre fin à l’isolement inhumain et persistant imposé par l’État turc au dirigeant kurde Abdullah Öcalan. Détenu à l’isolement dans la prison de l’île d’Imrali depuis 1999, Abdullah Öcalan n’est pas un simple prisonnier politique. Tout d’abord et surtout, c’est un personnage politique vénéré par des millions de Kurdes, qui a consacré toute sa vie à s’émanciper du colonialisme brutal et moderne pratiqué par la Turquie, l’Iran, l’Iraq et la Syrie. Deuxièmement, c’est un théoricien politique qui a contribué à la réflexion philosophie sur diverses questions allant de l’État à la société civile. C’est sa philosophie politique qui a donné forme à ce que nous voyons aujourd’hui au Rojava : une société démocratique, multiculturelle et féministe admirée par toutes les forces progressistes du monde. Troisièmement, il a été le politicien le plus actif en Turquie, réclamant la paix et une solution démocratique au conflit kurde. Sous son commandement, le PKK a décrété huit cessez-le-feu unilatéraux depuis 1993. En outre, Abdullah Öcalan a ordonné à deux reprises aux combattants du PKK de se retirer de la Turquie et se replier dans le nord de l’Irak afin d’ouvrir la voie à la paix. Faire taire une personnalité politique telle qu’Öcalan, c’est faire taire la seule voix en faveur de la paix en Turquie.

Réactions politiques en France

Jean-Luc Mélenchon, député, président du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, a adressé samedi une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour lui demander d’intervenir en faveur de Leyla Güven :

je vous demande d’intervenir, au nom de la République française, en sa faveur auprès des autorités turques afin qu’elle puisse être libérée et prise en charge médicalement, un soutien que la France se doit d’apporter aux prisonniers politiques d’un peuple qui a tant combattu pour notre liberté.

Jean-Christophe Lagarde, député UDI, président du groupe d’études sur les Kurdes, est également intervenu le 21 janvier auprès de Jean-Yves Le Drian pour qu’il prenne

toutes les mesures que vous jugerez opportunes pour que la vie de Leyla GUVEN ne soit plus menacée, pour faire cesser l’isolement d’Abdullah OCALAN, pour mettre un terme aux violations des droits humains en Turquie et pour inciter le gouvernement turc à reprendre les négociations de paix avec le mouvement kurde.

Des élus de la France insoumise se trouvent au Rojava pour une visite de “solidarité” :

nous sommes présents aujourd’hui pour apporter notre soutien et exprimer notre solidarité avec le peuple du Rojava.

Un appel initié par Jean-Christophe Lagarde et signé par 44 député·e·s de 5 groupes politiques (UDI, LFI, L&T, GDR, LR), est envoyé en direction de l’Elysée :

nous, parlementaires de différents groupes politiques, lançons un appel au Président de la République et au Gouvernement pour qu’ils renforcent le soutien de la France aux forces kurdes de Syrie et leurs alliés non kurdes au sein des FDS (Forces démocratiques syriennes). Ces forces ont été les principaux artisans de la reconquête des territoires sur lesquels l’État islamique avait imposé ses lois, et depuis lesquels il fomentait les attentats qui ont notamment endeuillé Paris. Le soutien de la France à ces forces kurdes ne relève donc pas simplement d’un devoir éthique, mais va dans le sens de notre sécurité. La France ne doit pas lâcher ses meilleurs et plus fidèles alliés sur le terrain.

L’appel demande à la France de

saisir le Conseil de sécurité pour placer les Kurdes sous protection (no-fly zone), de doter le Rojava de moyens de défense anti-aériens opérationnels en toute circonstance, y compris en cas d’agression par une puissance comme la Turquie parce que les forces présentes au Rojava n’ont jamais menacé l’intégrité du territoire turc, ni aucune frontière reconnue

et enfin de travailler

à une solution politique négociée en retirant le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations « terroristes ». Dans un contexte où 10.000 prisonniers politiques en Turquie sont en grève de la faim, dont la députée HDP Leyla Güven, il est urgent que la France fasse pression sur le régime d’Erdogan afin de garantir des droits démocratiques pour ses opposants.

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Patrick le Hyaric, directeur de l’Humanité et député européen, écrit :

on ne peut laisser tomber les Kurdes attaqués de toutes parts ou laissés de côté par de grandes puissances au nom d’intérêts inavouables en plusieurs lieux. Pourtant ce sont eux, les femmes bien souvent en tête, qui combattent et ont fait reculer Daech. Ces guerres de territoires, bafouant l’histoire et la géographie, et encore plus le respect des peuples et l’humanisme, conduisent le sinistre dirigeant Nord-Américain à se retirer de la coalition contre Daech en Syrie, affaiblissant sérieusement les Kurdes face à la Turquie et aux terroristes. Cette manifestation forte, combative, a une nouvelle fois signifié que les Kurdes ne sont pas décidés à plier les genoux.

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Manifestation à Diyarbakir : “démocratie, liberté et justice”

“Démocratie, liberté et justice”, c’est avec ce slogan que le Parti démocratique des Peuples (HDP), le Congrès de la Société démocratique (DTK) et le Parti démocratique des Régions (DBP) ont organisé le 19 janvier dernier un rassemblement monstre à Diyarbakir, malgré la répression féroce qui s’abat chaque jours sur les militants :

ce rassemblement est en solidarité avec nos camarades en grève de la faim dans les prisons. L’isolement est inhumain. Nous avons combattu pendant des années pour la fraternité, la justice et l’égalité. La députée de Hakkari, Leyla Güven, est en grève de la faim depuis 73 jours. Sa demande est la nôtre.

André Métayer

A l’instar de Leyla Güven, de nombreux prisonniers politiques ont rejoint la grève de la faim illimitée dans 58 établissements pénitentiaires de Turquie, dont voici une première liste de 266 noms.

Diyarbakır, prison de type E : Leyla Güven. Evin Kaya, Kibriye Evren, Hilal Ölmez.
Diyarbakır, prison de type T n°1 : Fırat Ertunç, Recep Bal, Mazlum Dilek, Adnan Yiğitt et un prisonnier du nom de Faruk.
Diyarbakır, prison de type D : Sercan Gümüş, Rıdvan Kaya, Nimetullah Cinkılıç, Hayati Üzmen, Cüneyt Aslan
Gebze, prison pour femmes : Haler Yusuf, Ruhşan Bozan, Özlem Özdemir, Ayten Gülsüm, Özlem Söyler.
Kandıra, prison de type F n°1 : İbrahim Kaya, Umut Çamlıbel, Yusuf Başaran, Güven Süvarioğulları, Rıdvan Güven, Necla Atak.
Kandıra, prison de type F n°2 : Sadettin Yaşar, Turan Günana, Mesut Atış, Sebahat Tuncel, Selma Irmak.
Patnos, prison de type L: Mehmet Bozdağ, Atilla Coşkun Özer, Ömer Kaboul, Abdullah Kızılkaya.
Elazığ, prison fermée de haute sécurité n°1 : Metin Serhat, Harun Alkan, Musa Candemir.
Elazığ, prison fermée de haute sécurité n°2 : Cengaver Aykul (transféré à Elazığ après une grève de la faim à Patnos)
Elazığ, prison de type F n°1 : İsa Eşsiz, Murat Ergen, Ergül Tuncay.
Elazığ, prison de haute sécurité n°2 : Ahmet Tekin, Serkan Eren, Yasin Güngör.
Van, prison de haute sécurité de type F : Cihan Tamur, Barış Karaman, Shain Öncü, Azim Sökemen, Bahtiyar Kemal Hasan.
Bakırköy, prison pour femmes : Nesrin Akgül, Gurbet Ektiren, Esma Başkale, Belgin Kanat, Zozan Kutum, Reyhan Coşmuşlu.
Tekirdağ, prison de type F n°2 : Ahmet Osman, Seyhan Kurt, Yakup Kaymaz. Serdar ahin, Ahmet Sürme, Ümit Akgümüş, Ahmet Arif Yöyler, Roger Tirej Özalp. Mazlum Selcuk, Ismet Tas.
Tekirdağ, prison de type F n°1 : Sinan Çelik, Rıdvan Turan, Burhan Barut, Erhan Aydın, Ali İlhan Bayer.
Edirne, prison de type F : Ramazan Çeper, Zerdeşt Oduncu, Adem Arslan.
Burhaniye, prison de type T : Figen Şahin, Emine Kılıç, Gülistan Tekin, Çiğdem Şakar.
Ödemiş, prison de type T : Uğur Çiçek, Abdurrahman Yılmaz, Mehmet Kaplan, Serhat Güzel.
Silivri, prison n°9 : Seyhan Çiçekli.
Silivri, prison n°5 : Zafer Sağlam, Abdulselam Akdoğan, Yusuf Bayram, Halil Ay, iyar Yıldırım, Hamza Doğrul.
İzmir/Şakran, prison de type T n°2 : Mehmet Durak, Tanju Yıldırım, Nihat Ekmez, Yakup Güneş, Ramazan Atalay.
Şakran (İzmir), prison pour femmes : Rahşan Aydın, Ebru Güden, Gülten Akgün.
Sincan, prison pour femmes : Süheyla Taş, Zeliha Ustabaş, Saliha Taşkesen.
Kırıkkale, prison de type F : Sedat Alçiçek, İsa İpekli, Davud Önder, Emrah Ubiç, Kerem İmrak, İsmet Akın.
Düzce, prison de type T : Süleyman Benzer, Mehmet Erbey.
Kırıklar, prison de type F n°1 : Erdal Polat, Abdullah Oral, Sami Öztürk.
Kırıklar, prison de type F n°2 : Ozan Alpkaya, Halis Dağhan.
Bafra, prison de type F : Abdullatif Teymur.
Bonsa, la prison de type H : İsmail Çetin.
Patnos, prison de type L : Saliha Cebe, Dilan Barin.
Manisa, prison de type T : Şemsettin Erdem.
Alanya, prison de type L : Mesut Canbey, Ramazan Sayan, Nevin Gökçe, Zelal Başboğa.
Bandırma, prison de type T n°1 : Siraç Keskin, Abdullah Kaya, Agit Yılmaz, Engin Okutucu, eyhmus Can, Zinar Doğan.
Bandırma, prison de type T n°2 : Serdar Taşkın, Ekrem Gün, Mikail Mungan, Inan Söylemez, Sipan Karabulut.
Prison de Balıkesir/Kepsut : Mazlum Cesur, Muhtesim Ertuğrul, Tarık Aliçi, Mehmet Aşkara.
Kayseri/Bünyan, prison de type T n°2 : Özkan Kart, Bülent Öztürk, M. Aydın Söğüt, M. Emin Akkuş, Emrullah Abay.
Kayseri, prison pour femmes : Berivan Bitmen, Maşallah Erbey, Merge Polat.
Şanlıurfa, prison de type T n°2 : Uğur Toğyıldız, Selman Büyüktop, Ömer Kaya, Mahmut Öngör, Kemal Yiğit, Semra Akhan, Sabiha Ünder.
Silivri, prison n°5 : Edip Akyıldız, Cihan Demir, Hikmet Ölçer, İbrahim Özdaş, Hüseyin Yıldız.
Tarsus, prison de type T n°1 : Erdal Emeç, Fesih Tekin, Deniz Özdemir, Mehmet Fatih Bingöl, Serhat Yıldırım, Murat Karaaslan, Halef Yiğit.
Karabuk, prison de type T : Seyfettin Kurt, Murat Kozat et Ali Haydar Elyakut.
Bayburt, prison pour femmes de type T : Delila Roj Ekmen, Fatma Yildirim, Sevgi Aka Gunduz.
Tarsus, prison pour femmes de type T : Dilan Yıldırım, Menal Temel, Nurşen Tekin, Hatice Kaymak.
Osmaniye, prison de type T : Gül Hasan Alan, Mikail Pelit, Mehmet Kilic, Zinar Demir, Oktay Gul, Hasan Muammer Ibis.
Mardin, prison de type E : Bayram Demirhan, Vedat Duyuş, Mahsun Şen, Zana Yılmaz, Şerif Demirtaş, Barış Akkuş, Birdal Abay.
Adana, prison de type F : Inan Akin, Harun Kaya, Yusuf Budak.
Manisa/Akhisar, prison de type T : Boza Aslan, Yorgun Bektaşoğlu, Metin Keleş.
Prison de Maltepe : Ersan Nazlıer, Cesim Yıldırım.
Tokat, prison de type T : Hasan mardi, Mehmet Emin Oğur, Önder Al, Zeki Temel.
Prison de type E de l’armée : Azad Karabulut, Vicdan Bozkurt.
Gaziantep, prison de type H : Kemal Süleyman, Fikret Karadağ, Ramazan Özmen, Recep Özdemir, Orhan Yılmaz.
Mardin, prison de type E : les noms des deux femmes sont indisponibles.
Samsun/Vezirkopru, prison de type M : les noms des cinq prisonniers en grève de la faim sont indisponibles.
Sanliurfa, prison de type T n°1 : Sinan Celik, Ali Erdem, Riza Yuksekbag, Muhammed Ilgun, Enver Kanmaz.
Ceyhan, prison de type M : Burhan Çelik, ahin Tan.
Bafra, prison de type T : Kinyas Atiman, Sinan Salhan, Rıdvan Kılıç, Mehmet Sıddık Özbakış, Halit Çankaya, Abdullahtif.