Le gouvernement et le Parlement de Turquie font pression sur le groupe DTP (Parti pour une Société Démocratique) de députés kurdes, nouvellement élus, pour qu’il déclare que le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More est une organisation terroriste :
“qu’est-ce que ça changerait à la situation ?” rétorque Osman Özçelik (Siirt), l’un des députés DTP, en ajoutant ironiquement :
“avez-vous seulement un quelconque projet pour résoudre le problème kurde ?”.
Et de dénoncer les entreprises d’instrumentalisation dont le DTP est l’objet de la part des différents groupes politiques du Parlement.
La justice maintient également sa pression sur plusieurs députés DTP, en instance de procès pour “soutien à une organisation terroriste” et “aide et encouragement à une organisation terroriste” dont Aysel Tuğluk (Diyarbakir) et Ayla Akat Ata (Batman) qui ont assuré, en tant qu’avocat, la défense d’Öcalan, et Sebahat Tuncel (Istanbul), ancienne porte parole des femmes du DTP : leur immunité parlementaire pourrait être levée, comme en 1993 pour Leila Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak, députés du DEP qui furent condamnés à une peine de 15 ans d’emprisonnement.
Une nouvelle (c’est à dire une énième) information judiciaire est ouverte à l’encontre de Osman Baydemir, maire de Diyarbakır, au sujet d’une polémique provoquée par le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan mettant le maire au défi d’apporter les preuves d ‘une politique gouvernementale discriminatoire envers la ville de Diyarbakir :
“ce n’est pas moi qui ai provoqué la polémique, précise Osman Baydemir, je n’ai fait qu’user de mon droit de réponse en rendant publique la liste des projets qui n’ont pas été soutenus par le gouvernement et que j’avais présentés aux services du Premier ministre en août 2005”
mettant en évidence une “discrimination négative”.
Osman Baydemir, qui promet d’envoyer son rapport à tous les parlementaires, est aussi la cible du parti nationaliste d’opposition (MHP) qui “pousse les feux” en critiquant le gouvernement accusé de conduire, face au terrorisme séparatiste, une politique laxiste qui encourage des attitudes comme celles du maire de Diyarbakir.
Le CHPParti républicain du Peuple (Cumhuriyet Halk Partisi), parti kémaliste et nationaliste de centre-gauche. More (Parti républicain du Peuple), premier parti d’opposition, membre de l’internationale socialiste, s’est également invité au débat, en reprochant à l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More de ne pas soutenir les municipalités administrées par des partis d’opposition et de traiter Diyarbakır comme une ville qui se trouverait en dehors de la Turquie.
Akın Birdal, député DTP de Diyarbakır, a, lors d’une conférence de presse parlementaire, soutenu Osman Baydemir dans sa quête pour obtenir un traitement d’équité pour sa ville.
Notons que l’association bretonne “Projet pour Hakkari” attend toujours l’autorisation du gouvernement turc pour verser au GABB (union des municipalités du Sud-est anatolien), présidée par le maire de Diyarbakir, les dons en provenance du Conseil régional de Bretagne et autres collectivités territoriales bretonnes pour la construction du centre municipal de formation et de santé spécialement conçu pour les femmes de Hakkari, province que vient de visiter le nouveau président de Turquie, Abdullah Gül :
“une visite destinée à renforcer les liens du pouvoir central avec ces zones défavorisées économiquement,”
a-t-on indiqué dans son entourage.
C’est précisément pour aider cette zone défavorisée que “projet pour Hakkari” est né.
André Métayer
Rennes, le 15 septembre 2007