Rappelons les faits : En octobre 2014, alors que les Kurdes opposaient une résistance farouche à l’offensive de l’État islamique dans la ville symbole et martyre de Kobanê, les démocrates de Turquie et plus particulièrement le Parti démocratique des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) lançaient, dans des conditions très difficiles, un appel à manifester. Nul n’ignorait en effet la complicité entre l’État turc et l’Etat islamique. Des heurts très violents s’étaient produits entre les manifestants et les forces turques. La répression du régime de RT Erdoğan fut terrible, puisque 37 personnes trouvèrent la mort dans différentes manifestations à travers le pays. Comble du cynisme, ce sont les Kurdes qui sont poursuivis, accusés « d’atteinte à l’unité de l’État ». Le procès interminable, renvoyé à plusieurs reprises, de 108 dirigeant·es du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More, qui s’était ouvert le 26 avril 2021, a rendu, trois ans plus tard, le 16 mai 2024, son verdict qu’on peut qualifier d’inique, et de parjure pour les auteurs de cette forfaiture.
procès politique ciblant le mouvement kurde
La justice turque a rendu un verdict inique à l’issue d’un procès politique ciblant le mouvement kurde : 108 personnalités politiques kurdes ont été jugées et condamnées, dont 18 sont en prison depuis des années, parmi lesquels les anciens coprésidents du Parti démocratique des peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) Figen Yüksekdağ (condamnée à 32 ans de prison) et Selahattin Demirtaş (condamné à 42 ans de prison). Gültan Kışanak, qui fut co-maire de Diyarbakir, a été condamnée à 12 ans de prison pour ‘’appartenance à une organisation’’ et ce n’est qu’avec les remises de peine (dont bénéficie tout condamné) qu’elle a donc pu sortir de prison, sa peine ayant été purgée en préventive.
Parmi celles qui sont sorties de prison, on trouve aussi Ayla Akat Ata, condamnée à 9 ans et 9 mois de prison et Sebahat Tuncel (venue à Rennes en 2009), condamnée à 12 ans de prison. (Elles ont été remises en liberté après avoir, comme pour Gültan Kışanak, purgé leur peine en ‘’préventive’’). Sebahat Tuncel, toujours aussi combative (elle fut élue députée en 2007 – la plus jeune députée du Parlement de Turquie – alors qu’elle était incarcérée à la prison d’Istanbul en tant que porte-parole des femmes du DPT) déclara à sa sortie de prison : ‘’ Ce n’est pas le jury qui nous a jugés, ce sont les membres de l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More qui portaient les robes [des jurés]. Aujourd’hui, cela a été prouvé. Nous savons que c’est une décision politique. La lutte n’est pas terminée, elle continue’’. Gültan Kışanak, dont on connait la pugnacité, fit , en écho, cette déclaration : « La question n’est pas d’être libéré, mais de créer un environnement dans lequel ce pays peut résoudre ses problèmes. Nous voulons vivre dans un pays où les femmes, les gens, les croyances sont libres et où les identités et les langues ne sont pas un problème.” Ebru Günay et Berdan Öztürk, Coprésidents de la commission des affaires étrangères du parti DEM en appellent, dans un communiqué, à la solidarité internationale : “Ces verdicts sont illicites pour notre parti et notre peuple. Nous appelons d’urgence toutes les personnes et organisations qui défendent les droits de l’homme et les valeurs démocratiques fondamentales à dénoncer ces décisions illégales.”
Procès Kobané en Turquie : un échec pour les droits de l’homme
Le Groupe pour la gauche unitaire européenne (GUE), groupe parlementaire de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe dans lequel siègent les députés français du Parti communiste français et de la France insoumise et aussi 3 député du DEM PARTI (Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples) rappelle, dans le communiqué ci-dessous, que la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Turquie et ordonné la libération au plus vite les personnes condamnées, et appelle toutes les démocraties à condamner ce traitement injuste dans les termes les plus fermes possibles.
Jeudi 16 mai, 24 condamnations ont été prononcées par la justice turque, sanctionnant les dirigeants politiques du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More (parti pro-kurde). Les peines allant de 9 à 42 ans d’emprisonnement constituent un acharnement judiciaire injustifié qui n’a qu’un seul objectif : faire taire l’opposition à Erdogan. Ce processus est le résultat d’une stratégie d’incrimination montée de toutes pièces à la suite de l’appel légitime à la solidarité du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More envers les Kurdes et les Syriens de Kobané, assiégés par Daesh entre 2014 et 2015. Nous appelons toutes les démocraties à condamner ce traitement injuste dans les termes les plus fermes possibles. La Cour européenne des droits de l’homme a également dénoncé à plusieurs reprises ce type de méthode, condamnant la Turquie et lui ordonnant de libérer au plus vite les personnes condamnées. Dans ce contexte particulièrement préoccupant, nous réaffirmons notre appel à la libération immédiate de Selahattin Demirtaş, Figen Yüksekdağ et de tous leurs camarades injustement condamnés, comme l’exige la Cour européenne des droits de l’homme. Nous appelons à soutenir ceux qui, dans la société turque, refusent cette exploitation de la justice et appelons le gouvernement turc et ses institutions à respecter le droit international et européen ainsi que la Convention européenne des droits de l’homme.
Joseph Andras, dans L’Humanité, rapporte la déclaration de Selahattin Demirtaş, à l’annonce de la décision de la Cour : ‘’Nous l’avions anticipée : nous étions prêts à tout. Nous l’avons donc accueillie avec force et moral. Nous résistons de toutes nos forces pour le peuple, mais c’est lui qui nous donne le moral. Que personne ne s’inquiète : notre nuque ne pliera pas, nos genoux ne fléchiront pas.’’
Ces femmes et ces hommes mènent un combat courageux pour défendre les valeurs humanistes qui sont les nôtres au péril de leur existence. Nous sommes indéfectiblement à leur côté pour défendre l’universalisme des droits humains.
André Métayer
Photo ANF