Projet de création d’un centre de santé et d’éducation à Hakkari

Les Amitiés kurdes de Bretagne soutiennent le projet de création d’un centre de santé et d’éducation par la Ville de Hakkari.

Objectifs

«Les problèmes économiques de notre région n’ont pas permis la création, dans notre ville, d’un centre de santé et d’éducation dont les objectifs sont de répondre aux besoins sanitaires et éducatifs de base des femmes de la région, dont le niveau d’éducation est très bas.

Nous prévoyons de créer un tel centre dans le but de répondre, en planifiant et en développant des programmes sanitaires, sociaux et éducatifs, aux besoins des femmes de notre ville, mais aussi à ceux des femmes qui se sont trouvées dans l’obligation de fuir leur village pour venir se réfugier à Hakkari.

Nos compatriotes exilées, embourbées dans une situation cumulant les handicaps d’une vie à la fois rurale et urbaine, se trouvent, de ce fait, aux prises avec des problèmes psychologiques graves, avec des dépressions pouvant aller jusqu’au suicide, comme l’a relaté d’ailleurs la presse en citant plusieurs cas. De plus certaines se trouvent confrontées à des problèmes de soins gynécologiques et obstétricaux.

Si ce centre a pour but de trouver des solutions à différents problèmes, comme ceux cités ci-dessus, il veut aussi venir en aide aux femmes dans la vie courante. Ainsi nous souhaitons valoriser les savoir-faire que ces femmes exilées ont importés de leur village, touchant à des métiers manuels traditionnels, et inclure leur production dans l’économie locale. Notre projet prévoit d’employer, chaque mois, 30 femmes, sur un total de 430, qui pourront, ainsi, par leur travail, retrouver confiance en elles, se tenir debout, avoir des idées indépendantes qu’elles pourront mettre en pratique librement et enfin subvenir aux besoins de leur famille.»

Les activités du Centre de Santé et d’Education

«Les activités sanitaires

Le centre de santé, animé par un personnel qualifié, prévoit d’apporter des soins quotidiens à un groupe de femmes, entre 16 et 20, victimes de déportation.

Les activités éducatives

– 1. Education sanitaire : planning familial, consultations pré et post-natales, soins et santé de l’enfant, ménopause.
– 2. Cours d’Informatique : programmés sur trois mois, ils pourront accueillir 40 personnes, soit 160 formations par an.
– 3. Cours Préparatoire à l’Université : Il est prévu de donner des cours (mathématiques, chimie, physique et turc) à 40 élèves par an.
– 4. Formation aux métiers manuels : atelier “Culture, Environnement, Soutien aux Femmes” de la Ville de Hakkari. On peut présenter les résultats attendus de cet atelier de la manière suivante :

— Faire en sorte que les femmes qui ont quitté leur village et qui sont douées manuellement (notamment kilim, tapis, sacoche, sac, chaussette en laine) puissent transformer leur savoir-faire en produits artisanaux ;

— Créer les conditions pour l’embauche, dans ces ateliers, de 30 femmes, à temps plein, apportant leur participation financière au budget familial ;

— Créer les conditions pour l’insertion de la femme dans un statut social et pour qu’elle apprenne à lutter dans sa vie ;

— Apprendre les métiers manuels traditionnels à des nouvelles candidates et transmettre cette culture du kilim (tapis tissés) à la nouvelle génération ;

— Faire fabriquer d’une façon très originale les kilims, rares et très célèbres, de la ville de Hakkari et de la région ;

— Produire également tapis, sacoches, sacs, et chaussettes en laine “faits main” ;

— Apprendre à coudre les vêtements traditionnels de la région et faire en sorte que cette culture soit transmise à la nouvelle génération ;

— Editer un ouvrage (livre et support audio-visuel) sur la fabrication la teinture à base de racines de la région de Hakkari ;

— Organiser des expositions des productions (chaussons, chaussettes, foulards) fabriquées par les femmes.»

Pourquoi les femmes?

«Les problèmes vécus par les femmes, dans notre pays comme dans le reste du Monde, sont parmi les problèmes les plus importants et on peut imaginer la gravité des difficultés dans lesquelles se trouvent les femmes de notre région, où les comportements féodaux existent toujours. Plus grandes encore sont les difficultés des femmes déportées des villages qui portent les traces du féodalisme. Le système éducatif handicape ces femmes, celles de la ville comme celles qui viennent des villages, ces dernières ne parlant pour la plupart pas le turc, ce qui en soi est le commencement d’un problème. La femme qui est exposée au féodalisme et qui, en outre, ne parle pas le turc, ne peut pas expliquer ses problèmes et ne veut donc pas se présenter dans un centre d’Etat (où il y a d’ailleurs très peu de services rendus).

Ces problèmes de langue ajoutés aux craintes de donner des détails sur sa santé font qu’elle cache ses problèmes gynécologiques. Les problèmes de santé de la population féminine sont donc, dans notre région, plus préoccupants que ceux de la population masculine. Les femmes de notre région, particulièrement celles qui se sont trouvées dans l’obligation de fuir leur village, ne sont pas suffisamment informées sur les sujets les intéressant au premier chef (comme la grossesse, l’accouchement, les soins pré et post-nataux, la ménopause) et n’ont pas non plus, malheureusement, de connaissances pédiatriques (santé, psychologie, éducation, l’équilibre chez l’enfant…). Il y a donc un grand besoin de formation et d’information sur tous ces sujets.

La femme est l’élément le plus important de la famille et peut transmettre facilement à autrui ses connaissances. C’est pourquoi l’éducation donnée aux femmes est l’éducation de toute la société. Notre but est d’alléger leur charge sur le plan de la santé en leur apportant les premiers soins et, en cas de nécessité, en les conduisant dans un centre de santé dans des bonnes conditions.

Nous avons pour objectifs d’intervenir dans les villages et les quartiers de Hakkari durant les campagnes de santé et de donner des informations nécessaires aux femmes sur les problèmes de santé ainsi que le planning familial. Nos projets seront conduits par le personnel du Centre de Santé et d’Education qui fournira également le matériel. Il est prévu de planifier des formations spécifiques pour les femmes (la grossesse, l’accouchement et son suivi, les soins pré et post-nataux, les moyens contraceptifs, l’éducation sanitaire et les soins pédiatriques, la ménopause, la violence conjugale, les relations familiales…). Bien entendu, ces formations seront données par un personnel qualifié, ayant les connaissances requises selon les thèmes abordés.

Ce projet sera réalisé selon nos moyens, prévu pour une longue durée et destiné à un large public. Sa réalisation permettra aux femmes de trouver la force et le courage nécessaires pour régler leurs problèmes familiaux. L’élévation de leur niveau d’éducation et le développement de leurs capacités permettront aux femmes d’avoir plus facilement le droit à la parole et de trouver leur place au sein des pouvoirs locaux.»

Metin TEKCE

Maire de Hakkari

AKB-Dossier_CSE_Hakkari