Le référendum sur une modification constitutionnelle en Turquie a sans doute échauffé les esprits dimanche 16 avril au soir, dans le quartier du Blosne à Rennes, chez les Kurdes et les Turcs. Mais pas seulement. D’après la presse, une centaine de personnes se seraient affrontées à coup de barres de fer et de battes de baseball et des policiers, appelés pour rétablir l’ordre, auraient été pris à partie. On ne signale curieusement aucun blessé, hormis un policier qui aurait été “légèrement blessé”. Deux hommes auraient été repérés montant dans une voiture armés d’une batte de baseball et d’une canne de billard. Ils auraient refusé obtempérer à des agents leur demandant de s’arrêter, une course poursuite s’en serait suivie, les deux hommes forçant même un barrage de police avant d’être interpellés et placés en garde à vue.
Le Blosne est un quartier de Rennes où les deux communautés se côtoient quotidiennement, dans la rue, sur le marché, dans les cafés et même au travail. L’incident, aussi regrettable soit-il, n’a pas eu l’ampleur décrite, aux dires des responsables de “Amara”, le Centre démocratique kurde de Rennes (CDK-R), qui ne soutiennent pas ce genre de manifestation et se disent prêts à rencontrer les représentants de la communauté turque de Rennes afin d’éviter que de tels agissements, qui nuisent aux deux communautés, ne se renouvellent.
André Métayer
Communiqué de “Amara”, le Centre démocratique kurde de Rennes (CDK-R)
“Amara”, Centre démocratique kurde de Rennes (CDK-R) tient tout d’abord à préciser qu’il ne soutient pas ce genre de manifestation qui est le fait de jeunes irresponsables qui ont eu le tort de répondre à des provocations tout aussi irresponsables.
Il tient aussi à remettre les faits, aussi regrettables soient-ils, dans leur juste proportion : les affrontements n’ont pas embrasé le quartier et leur durée n’a pas excédé un quart d’heure, aux dires même de la presse. Des membres du CDK-R sont venus, dès qu’ils en furent alertés, pour calmer les jeunes Kurdes et les inviter à quitter les lieux après leur avoir confisqué les morceaux de bois et canne de billard qu’ils avaient entre leurs mains. Mais ils n’étaient pas “armés de battes de base-ball et de barres de fer” comme il est écrit dans la presse. On reproche à l’un des anciens co-présidents du CDK-R, connu pour son sérieux et sa pondération, d’avoir forcé avec son véhicule un barrage de police, au risque de blesser gravement des fonctionnaires de police. En fait, le conducteur de la voiture n’a pas compris, sur le coup, le signe du policier lui faisant signe de s’arrêter et a poursuivi sa route sur une centaine de mètres avant de comprendre son erreur et de s’arrêter de lui-même. Cette version des faits a d’ailleurs été retenue par la juge des libertés et de la détention qui a remis en liberté le conducteur contre qui n’est retenue que l’infraction au code la route : refus d’obtempérer à une sommation de s’arrêter. Le passager de la voiture n’a pas été inquiété.
Cette bagarre serait sans grande conséquence si elle n’avait pas eu lieu dans un climat général de violence et de peur, fruit de la politique d’Erdoğan, qui ne va pas s’apaiser avec le résultat du référendum qui lui donne les pleins pouvoirs. L’incendie criminel du siège du Centre culturel kurde de Nantes, qui s’est déclaré dans la nuit du 8 au 9 avril dernier, est évidemment dans toutes les têtes.
Le Centre démocratique kurde de Rennes invite les représentants de la communauté turque de Rennes à une rencontre entre gens responsables afin d’éviter que de tels agissements, qui nuisent aux deux communautés, ne se renouvellent.