Le programme de Mme Gültan Kışanak, co-maire de Diyarbakır venue à Rennes accompagnée d’Eyyup Doru, représentant le Parti de la Démocratie des Peuples (HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More) en Europe – et rennais d’adoption – et de trois de ses proches collaborateurs, était chargé mais il a tenu ses promesses. La délégation de Diyarbakır est repartie avec l’assurance que la coopération avec Rennes était sérieuse et s’inscrivait dans la durée. Du sérieux mais aussi des liens amicaux et confraternels. La rencontre entre les deux femmes maires, Nathalie Appéré et Gültan Kışanak, avait pour objet de signer la convention qui permet le versement à la ville de Diyarbakır de l’aide votée par le Conseil municipal de Rennes dans le respect des règles légales françaises et turques, sécurisant ainsi le transfert financier. Mais la rencontre est allée bien au-delà : le courant est passé entre Nathalie Appéré et Gültan Kışanak. D’autres sujets on été abordés avec les adjoints au maire de Rennes, notamment Jocelyne Bougeard, déléguée aux relations internationales. La question de la rénovation urbaine a été abordée avec Frédéric Bourcier, adjoint délégué à la solidarité et la cohésion sociale et Philippe Faysse, directeur général adjoint chargé de l’espace public, deux personnes, un élu et un fonctionnaire territorial, qui se sont totalement investies durant trois ans dans un projet de soutien à la municipalité de Diyarbakır concernant une opération de rénovation urbaine du quartier Ben û Sen.
“Ben û Sen sera bientôt plus connu que Diyarbakır”
Accueillie par Alain Surrans, directeur de l’Opéra, Gültan Kışanak a eu la surprise de découvrir, dans la galerie d’exposition du Carré Lully, les photographies de François Legeait et Gaël Le Ny, fruit d’un travail de trois années dans le quartier “gecekondu” (illégal) de Ben û Sen, aux pieds des murailles de Diyarbakır.
“Ben û Sen sera bientôt plus connu que Diyarbakır” s’est écriée la co-maire de Diyarbakır, dans un éclat de rire admiratif pour la qualité artistique des photographies et pour le regard qu’elles portent sur de dimension humaine et sociale du quartier. Elle est repartie avec un exemplaire dédicacé par les auteurs du livre “Ben û Sen”, racontant en images le vécu de ce quartier.
La journaliste que fut Gültan Kışanak n’a pas manqué au passage de féliciter les AKB pour leur site, “un vrai travail de journaliste” a-t-elle dit, toujours avec un sourire. Avant de quitter la Maison internationale de Rennes (MIR), où lui a été présenté un extrait du film “Rêve de printemps” sur le camp de réfugiés yézidis de Diyarbakır, Gültan Kışanak a encouragé les AKB à poursuivre leur projet d’animation en direction des enfants de ce camp.
Hommage à Me Tahir Elçi, avocat, bâtonnier de Diyarbakır
Une salle pleine à craquer, à une heure peu favorable pour le monde du travail. Une foule comme on l’aime, des ouvriers qui ont dû quitter leur chantier, des mères de famille avec leurs enfants, des retraités actifs, des jeunes étudiants, des responsables politiques, des Kurdes et leurs amis qui militent pour la défense de la paix, de la démocratie et des Droits humains. Toute cette assistance était dans l’auditorium de la MIR, répondant à l’appel du Conseil démocratique kurde de Rennes et des AKB, pour rendre hommage à Me Tahir Elçi, avocat, bâtonnier de Diyarbakır exécuté d’une balle en pleine tête, venant allonger la liste déjà longue de toutes les victimes de crimes “non élucidés” dont Me Elçi était un des ardeurs défenseurs. Gültan Kışanak et Eyyup Doru ont rendu un vibrant hommage à cet homme, victime d’un assassinat politique, devant une assemblée debout et émue, avec, au premier rang, des avocats venus en robe mais aussi Roselyne Lefrançois, ancienne députée européenne et ancienne adjointe au maire de Rennes, Lena Louarn, vice présidente du Conseil régional de Bretagne, Nil Caouissin, porte-parole de l’UDB, Yann Stéphant, directeur du Festival de Douarnenez, Emmanuelle Berthinier, directrice de la MIR. Jocelyne Bougeard, représentant la maire de Rennes, a rappelé les liens étroits entre les deux villes et assuré la maire de Diyarbakır de la solidarité des élus et des citoyens rennais. Ghania Boucekkine, présidente de la MIR, a fait le rapprochement entre les exécutions de Rojbin, Leyla et Sakine, militantes kurdes assassinées à Paris en janvier 2013 et celle de Tahir Elçi le 28 novembre dernier :
votre longue histoire est douloureuse, nous le savons. Nous sommes solidaires de votre combat et nous devons aussi apprendre de vous, notamment votre façon de faire vivre la démocratie et son effective égalité hommes/femmes dans vos institutions.
Des barreaux de France avaient envoyé des messages de solidarité ainsi que l’Association française des Avocats et Juristes arméniens. Me Lozac’hmeur, vice-présidente de la conférence des bâtonniers de France et Me Philippe Le Goff, bâtonnier de Rennes, ont pris la parole :
tuer le bâtonnier de Diyarbakır, c’est une blessure profonde pour tous les avocats et tous ceux qui aiment la liberté et le droit. (Me Lozac’hmeur), ce qui se passe à Diyarbakır n’est pas acceptable, surtout dans un pays qui souhaite rejoindre l’Europe (Me Philippe Le Goff).
André Métayer