Le Mouvement pour la langue kurde et pour l’éducation (TZP-Kurdî) appelle toutes les familles kurdes, à l’issue de sa conférence de Diyarbakir, à ne pas envoyer leurs enfants à l’école la semaine du 20 au 25 septembre prochains.
Il entend ainsi protester contre l’attitude de la République de Turquie qui continue à nier l’identité kurde : “il n’y a aucune reconnaissance officielle de la langue kurde dans la constitution, déclare Adil Ercan, porte parole de TZP-Kurdî, et la culture kurde est, de ce fait, en danger de mort ; si une langue meurt, c’est une nation tout entière qui agonise”.
Les étudiants kurdes sont appelés à faire la grève des cours et les familles à soutenir le mouvement en gardant à la maison leurs enfants, y compris ceux qui fréquentent les jardins d’enfants (ouverts aux moins de six ans), “des outils d’assimilation pour Etat turc”, précise-t-on.
L’assimilation ? – “c’est un crime contre l’humanité” pour le bouillant Premier Ministre turc Erdogan, quand il s’agit de défendre l’identité turque à l’étranger, comme il l’a déjà fait en 2008 à Cologne et en 2010 à Paris ; que ne met-il en pratique cette même détermination quand il s’agit de faire respecter la diversité culturelle dans son propre pays!
Le succès de son référendum, que nul ne conteste, lui donne quelques avantages sur les partisans du “non”, c’est évident, mais lui confère aussi des devoirs, sous peine d’être accusé de forfaiture, vis-à-vis des Kurdes qui, eux aussi, ont, en réussissant le boycott de la consultation référendaire, renforcé leur position ; ce résultat impose au chef de gouvernement d’ouvrir de vraies négociations sur la question kurde, avec, comme corollaire, le vote d’une nouvelle constitution garantissant les droits culturels et politiques de tous les citoyens de Turquie, quelle que soit leur origine.
Cette revendication est soutenue par tout un peuple qui se sent différent au sein de ce pays, précise, dans une interview au quotidien anglophone pro-gouvernemental “Todays Zaman”, Ahmet Türk, co-président, avec Aysel Tugluk, du Congrès pour une société démocratique (DTK) : “un peuple qui n’accepte plus que soient ignorées sa langue, sa culture et son identité”.
“La reconnaisse de l’identité kurde, dit encore Ahmet Türk, ne relève d’aucune faveur particulière ; ce faisant, l’État et son gouvernement ne feraient que prendre acte d’une réalité politique que les luttes menées par le peuple kurde leur imposent”.
André Métayer