Solidarité avec le collectif de soutien aux sans papiers – pour la défense du droit d’expression

Trois membres du collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes sont appelés à comparaître devant le Tribunal correctionnel de Rennes le vendredi 19 septembre 2008 à 14 heures. Cette comparution fait suite à la diffusion de 3 tracts et de 2 affiches lors de deux rassemblements contre la Police aux Frontières le 2 avril dernier.

De quoi les accuse-t-on ? D’avoir diffamé publiquement une administration publique ou un corps constitué, en l’espèce les fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur ! Comment ? Au moyen de tracts « dont on n’est obligé de partager ni la forme ni le fond, comme le dit Jean Louis Tourenne, Président du Conseil général d’Ille et Vilaine, mais qui, ajoute-t-il, relèvent plus de l’humour potache que d’une explication circonstanciée à la barre des tribunaux ! »

Alors! Madame la Ministre de l’Intérieur, on manque d’humour ?

Bien évidemment il s’agit d’autre chose, et M. Tourenne ne s’y est pas trompé, ni le Maire de Rennes, ni les élus politiques et associatifs, ni tous les citoyens qui, tous ensemble, ont déjà élevé une vive protestation au cours d’une manifestation, à Rennes, place de la Mairie, le 28 juin dernier : cette affaire sérieuse en dit long sur les dérives gouvernementales qui ont commencé par atteindre les plus faibles, les plus vulnérables, comme les personnes sans papiers, et qui ciblent maintenant les associations qui s’honorent d’avoir comme but la défense des droits humains.

Déjà la Maison Internationale de Rennes (MIR), une respectable institution rennaise regroupant près de 200 associations, avait, en assemblée générale le 18 juin, voté une motion pour soutenir la directrice convoquée par la police judiciaire et sommée de donner le planning des activités et le nom de responsables associatifs au motif qu’ils tiennent des réunions dans les locaux de la MIR.

On peut légitimement se demander où s’arrêteront les mesures d’intimidations et les sanctions.

Et comme, cerise sur un gâteau, arrive par décret (JO du 1er juillet), le fichier policier EDVIGE (« Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale ») qui va rassembler des informations concernant tous « individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ».

Quand on sait maintenant « qu’on n’a pas le droit de dire qu’on n’est pas d’accord en maniant un peu d’humour » et qu’un simple tract peut vous conduire en correctionnelle, on a raison de se méfier des interprétations d’EDVIGE.

C’est pourquoi, pour soutenir le collectif de soutien aux personnes sans papiers et, plus généralement, pour défendre le droit d’expression et le droit d’association, les Amitiés kurdes de Bretagne appellent tous les citoyens à se mobiliser en participant à la manifestation de solidarité, samedi 13 septembre à 15 heures, place de la mairie à Rennes.

André Métayer

Président