Le mercredi 17 février dernier, le Conseil démocratique des Kurdes en France (CDKF) organisait, à quelques centaines de mètres du Ministère de l’intérieur, un rassemblement symbolique pour protester contre les procédures administratives engagées en France contre des militants kurdes.
De quoi s’agit-il ? Depuis un an des responsables du CDKF, en particulier Agit Polat et Vedat Bingol, sont convoqués par la police et interrogés sur leurs activités. Leurs avoirs financiers et leurs comptes bancaires sont bloqués sans autres raisons que cette enquête. Pourtant le CDKF est une organisation légale en France et bon nombre de ses adhérent·e·s ont dû fuir les répressions en Turquie, plusieurs d’entre eux ont obtenu le statut de réfugié politique dans notre pays.
Lors des interrogatoires menés par les policiers, les faits qu’on leur reproche tiennent uniquement à leurs opinions politiques connues publiquement : ils participent à des manifestations, autorisées d’ailleurs par les préfectures, ils prennent position, agissent pour demander le retrait du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More de la liste des organisations terroristes ou la libération d’Abdullah Öcalan, ils dénoncent la politique de guerre menée par RT Erdoğan. Ce ne sont là que des opinions politiques soutenues par beaucoup de Français et de Françaises.
Par ces tentatives d’intimidation et de rétorsions administratives, la police et les autorités françaises se font les relais zélés des discours d’Erdoğan, qui voit dans chaque opposant à sa politique un terroriste.
Comment accepter une telle injustice ? Ces Kurdes qui sont interrogés et réinterrogés sont des démocrates. Ils ont été et sont les premiers défenseurs de la liberté, de la laïcité et de la paix. Ils ont été au premier rang de la lutte contre Daech là-bas et ici en France. Comment accepter que pour faire plaisir à la Turquie d’Erdoğan, dont même le président Macron reconnait qu’elle n’est plus une alliée sûre de l’Otan, les démocrates kurdes qui ont obtenus refuge en France soient poursuivis, harcelés ?
Nos amis se sont soumis, malgré tout, à cette enquête en espérant que la lumière en sorte mais les brimades administratives continuent. C’est pourquoi ils ont décidé de sortir du silence et de convoquer, comme l’a dit Agit Polat “cette manifestation symbolique d’alerte en direction du gouvernement de la France”.
Sylvie Jan, présidente de France-Kurdistan, leur a apporté soutien au nom des organisations de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan : “il en va non seulement du droit des Kurdes à vivre et à exister mais aussi du fonctionnement de la démocratie en France. En étant à vos côtés nous défendons le droit d’asile de tous les réfugiés politiques en France et l’exigence universelle qu’est la liberté d’opinion et d’expression”.
Michel Laurent
Photo : France Kurdistan