Des accusations extrêmement graves sont portées contre l’armée turque après les opérations déclenchées les 22/24 octobre derniers contre des formations de combattants kurdes se trouvant près de la frontière turco-irakienne, à la hauteur de Cukurca, district de Hakkari. L’état des corps de 36 guérilleros tués au cours de cette opération menée par des unités spéciales de l’armée turque, dont le retrait rapide avait déjà suscité quelques interrogations, laisse penser aux observateurs que l’emploi prohibé de certaines armes serait à l’origine des décès. D’après des experts allemands qui ont examiné des photos de corps, dont “l’aspect est terrifiant”, l’emploi d’armes chimiques ne ferait aucun doute. Le témoignage de survivants, qui se trouvaient proches de la zone bombardée, vient corroborer les soupçons : les malaises dont ils soufrent ne ressemblent pas à ceux provoqués par des bombes conventionnelles. Pour les Kurdes, aucun doute possible : ils ont été victimes de bombes contenant des substances chimiques hautement toxiques larguées au cours de l’attaque de l’aviation turque. Ce n’est pas la première fois que la Turquie est accusée d’avoir utilisé des gaz chimiques : le chef d’Etat major actuel, Necdet Ozel, est lui-même soupçonné d’avoir employé des armes chimiques contre les combattants du PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More en 1999 alors qu’il commandait la région de Sirnak. Depuis il est surnommé “Necdet le chimique“.
D’après Mediapart, citant un rapport d’IHD, publié en aout dernier, ” 437 guérillas kurdes, au moins, ont été tués par des armes chimiques lors des 39 opérations militaires menées par l’armée turque depuis 1994″.
Les députés kurdes demandent une enquête internationale.
André Métayer