Une plaque a été dévoilée ce samedi 17 avril 2010 à la caserne des pompiers de Rennes, à la mémoire du sapeur-pompier volontaire Louis Coquillet, né d’une famille de cheminots, secrétaire régional des Jeunesses Communistes, et fusillé au Mont Valérien le 17 Avril 1942 ; une rue de Rennes porte son nom depuis 1949.
Résistant dès la première heure, Louis Coquillet participe avec les FTP (Francs Tireurs et Partisans) à de nombreux coups de main sous les ordres du Colonel Fabien (attaque d’une centrale électrique, attaque d’une “Feldgendarmerie”, attaque de convois militaires de la Wehrmacht, attentats à la bombe contre un local d’un parti collaborationniste, contre des librairies “collabos”, exécution d’un officier ennemi…).
Arrêté par la police française de Vichy, livré à l’ennemi, torturé, Louis est incarcéré à la prison de la Santé et condamné à mort par un tribunal militaire nazi siégeant à la Maison de la Chimie de Paris : il avait 21 ans.
Et quelle était la position de la presse de cette époque ? Elle “informait” : “Grenoble angoissé par les crimes terroristes” (Le Petit Parisien), “Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentas et 14 déraillements (de train) – un arménien, Missak Manouchian, dirigeait cette tourbe internationale qui assassinait…” (Le Matin). L’Œuvre décrivait les résistants comme une “horrible galerie de terroristes aux visages visqueux et aux regards fuyants” et publiait les “Avis à la Population”, comme autant de mises en garde : “tous les Français en état d’arrestation sont considérés comme otages et le nombre d’otages fusillés sera proportionnel à la gravité de l’acte commis“. La délation était encouragée : “20 000 francs pour tous renseignements permettant l’arrestation de terroristes“. Le professeur Robert Brasillach, cet intellectuel raffiné, écrivain prolixe et critique de cinéma, poète et romancier “subtil et délicat,” directeur du journal Je suis Partout voulait qu’on pende Georges Mandel et tous les terroristes : “la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils […] tous les Français la demandent.”
La Victoire a balayé tous ces propos indignes, Brasillach fut passé par les armes et l’Histoire a réhabilité tous les héros de la Résistance ; Rennes rend hommage à Louis Coquillet et l’amitié franco-allemande est devenue le gage d’une paix durable en Europe.
Quel retournement de l’Histoire ! Quel regard portera-t-elle, dans 60 ans, sur l’attitude de l’Europe – et de la France complice – qui, en inscrivant en dehors de toutes bases légales une organisation de résistance kurde, le PKKPartiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. More, sur une liste d’organisations prétendues “terroristes”, encourage la Turquie dans sa politique répressive et négationniste qui fait obstacle à un règlement politique de la question kurde ?
Le jugement risque d’être sévère.
André Métayer