“AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More, trois œufs ne te suffisent pas. Dégage ! L’université nous appartient” aurait crié Yigit Ergun, l’étudiant stambouliote, au passage du président turc Abdullah Gül le 14 décembre 2011. Arrêté avec trois œufs en poche et jeté en prison, le parquet d’Istanbul réclame contre lui 11 ans de prison.
Cihan Kirmizigul, l’un des 600 étudiants emprisonnés en Turquie, a été interpellé à Istanbul parce qu’il portait le pouchi (keffieh) kurde et qu’il se trouvait au mauvais endroit, à un mauvais moment, à proximité d’une manifestation “illégale” qui venait d’être brutalement dispersée. C’était le 20 février 2010. Il a été libéré le 23 mars 2012, vingt cinq mois plus tard.
Ferhat Tuzer et Berna Yilmaz, deux figures du mouvement étudiant, ont été libérés le 6 octobre 2011 après avoir purgé une peine de 18 mois en prison pour avoir demandé l’enseignement gratuit lors d’un déplacement du premier ministre Erdogan à Istanbul.
Dix-neuf étudiants ont été arrêtés le 11 janvier 2012 à Ankara, accusés d’être membres d’une organisation “terroriste” et cinq autres à Antalya pour avoir crié des slogans “interdits” lors d’une manifestation organisée à l’occasion de la fête des travailleurs, le 1er mai 2011.
Dix étudiants sont accusés d’avoir manifesté contre la venue du premier ministre RT Erdogan le 10 décembre 2010, lors d’une réunion des recteurs d’Université. Ils sont incarcérés dans l’attente de leur procès fixé au 21 mai prochain.
Le parquet d’Istanbul a requis des peines de 8 mois à 4 ans de prison contre Ozan Gundogdu, étudiant en Science-po à Ankara, pour avoir participé le 31 mai 2011 à une manifestation contre les violences policières. Arrêté et conduit en prison, l’étudiant aux cheveux longs est devenu un détenu au crâne rasé. En solidarité, cinq de ses camarades se coupent les cheveux et le font savoir. Dix jours après, ils sont à leur tour incarcérés.
Interrogé par un député, Ömer Dincer, ministre de l’Éducation, a admis que 7 043 étudiants ont fait en 2010/2011 l’objet d’enquêtes : 4 604 d’entre eux ont été éloignés de l’université et 55 expulsés.
Campagne “Öğrencime Dokunma !”
Tous les enseignants et les personnels universitaires sont invités à se joindre à l’équipe de coordination de la campagne “Öğrencime Dokunma !” (Touche pas à mes étudiants) qui a été lancée le 5 avril dernier devant le lycée Galatasaray d’Istanbul :
La répression qui s’exerce actuellement sur le monde universitaire et plus particulièrement sur les étudiants tend à se transformer en stratégie d’intimidation. Les procès engagés, doublés d’arrestations croissantes et d’enquêtes disciplinaires diligentées par les autorités universitaires s’intensifient. Nous appelons au rassemblement le plus large possible.
Des manifestations sont prévues : signature d’une pétition, port du badge “Öğrencime Dokunma !” durant les cours, organisation de conférences de presse dans différentes universités, cours symboliques devant les prisons, séminaires, tables-rondes et réunions-débats autour de la question des étudiants détenus au sein des universités.
Motion de solidarité de SUD –Etudiant (France)
La Fédération SUD-étudiant condamne fermement les arrestations arbitraires des étudiant-e-s, syndicalistes, militant-e-s politiques kurdes, ainsi que les emprisonnements de masse opérés par les autorités turques contre le mouvement syndical, associatif, le mouvement kurde, et plus largement contre toute forme d’opposition. Elle exprime son soutien aux étudiant-e-s, emprisonné-e-s et à tout-e-s celles et ceux, en prison et dehors, qui luttent pour la liberté du peuple kurde, la démocratisation de la Turquie et contre les politiques néolibérales.
André Métayer