Selon nos informations, venant confirmer celles qui circulent en Turquie mais que la presse française omet de diffuser, le nombre des arrestations et incarcérations ne cessent d’augmenter en Turquie, notamment dans les régions kurdes du sud-est anatolien : les avocats sont particulièrement visés. Après la rafle de ces dernières semaines qui a concerné 37 des leurs, “tous mes amis avocats sont tous sur les nerfs et me disent que bientôt leur tour arrivera” me confie une source sûre.
Le barreau de Diyarbakir a apprécié la résolution du Conseil de l’Ordre des avocats de Paris. Il appréciera l’envoi d’une mission, dans les semaines à venir, à l’initiative des barreaux de Genève, de Bruxelles, de Paris et de barreaux américains, suite à la lettre ouverte signée par la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), l’Organisation Mondiale contre la torture(OMCT), l’Union Internationale des Avocats (UIA), la Conférence internationale des barreaux (CIB), Lawyers’ Rights Watch Canada (LRWC), la Fondation Internationale pour la Protection des Défenseurs des Doits de l’Homme (Front Line), et adressée au président turc, Abdullah Gül, et à son ministre de la Justice.
Les Amitiés kurdes de Bretagne, pour leur part, lancent un appel à tous les avocats de France, et notamment à ceux de Bretagne, pour qu’ils élèvent eux aussi une puissante protestation. Tous les candidats à la présidence de la République doivent être interpellés pour leur demander de se démarquer nettement de la politique liberticide du gouvernement turc.
Ajournement du procès des “151” jusqu’au 26 décembre
Le procès de Diyarbakir, dit des “151“, qui concerne principalement 151 élus politiques et associatifs, dont le maire de Diyarbakir, a bien repris le 6 décembre, avec la présentation, par l’accusation, des prétendues preuves de culpabilité des prévenus. Interdits de s’exprimer dans leur langue maternelle, les accusés ne furent pas autorisés à prendre la parole pour assurer leur défense.
Le tribunal, aux ordres d’un gouvernement autoritaire, jouant une fois de plus “la montre” a ajourné les débats. Les audiences devraient reprendre le 26 décembre pour une session dont la durée prévue ne devrait pas excédée un mois, si toutefois, de nouveaux ajournements ne viennent pas perdurer cette scandaleuse situation. Le prolongement excessif d’une détention provisoire est en soi une atteinte aux libertés individuelles et une torture physique, psychique et morale. C’est aussi une atteinte à la démocratie quant il s’agit de mettre des élus dans l’impossibilité d’exercer leur mandat. Le ministère de la justice commence à anticiper les décisions du tribunal en procédant à des destitutions et à la mise en place d’administrateurs nommés par le pouvoir. C’est déjà le cas pour Etem Şahin, Maire de Suruç (région de Urfa).
Dernière minute : coup de force contre la mairie de Kurtulan (région de Siirt) : locaux perquisitionnés, 18 personnes, dont le maire, en garde à vue.
Le 16 décembre 2011, les locaux de la mairie de Kurtulan et le domicile du maire ont été perquisitionnés. Le Maire, Necat Yilmaz, a été interpellé et placé en garde à vue, ainsi que cinq conseillers municipaux, 10 militants du BDP dont l’ancien président de la section locale, un conseiller régional de Siirt et un journaliste, correspondant de l’agence de presse DIHA.
Soutien des ” Amitiés Hauts de Seine – Kurdistan” aux élus de Kurtulan
L’association Amitiés Hauts de Seine – Kurdistan, qui connaît bien les élus de Kurtulan pour avoir séjourné dans cette ville en juin 2011 et avoir été reçue par le maire, Necat Yilmaz, fait part de son indignation.
Ne pouvant endiguer l’aspiration à la reconnaissance des droits culturels et politiques dans la cadre de la république de Turquie, le premier ministre, M. Erdogan incarcère des dizaines de représentants du peuple. Le voile se déchire. Ceux qui se présentent volontiers comme une modèle au Moyen Orient renouent avec les pratiques les plus tragiques de la période des militaires.
L’association Amitiés Hauts de Seine – Kurdistan lance un appel à la population et notamment aux élus des Hauts de Seine.
Il est temps de rappeler fermement à la Turquie ses obligations en matière de respect des droits humains.
André Métayer