A qui Me Christian Charrière-Bournazel, Président du Conseil national des Barreaux de France rend–il hommage dans son éditorial du 6 avril 2012, quand il parle de ces hommes et de ces femmes “qui montrent chaque jour la force de leur courage et qui paient le lourd tribut pour l’indépendance qu’ils revendiquent” ? Il parle des avocats de Turquie, turcs et kurdes, ses confrères réunis au sein de la plateforme de la liberté et de la défense, dont 36 ont été arrêtés le 22 novembre 2011 et emprisonnés, leurs domicile perquisitionnés et l’ensemble des dossiers de leurs cabinets emportés par les forces de police. Ce qui porte à 42 le nombre d’avocats derrière les barreaux. “Ils mettent en jeu avec désintéressement leur liberté et parfois leur vie pour l’honneur de défendre. Chacune de leurs paroles est un acte qui les engage et qui les expose. Ce ne sont ni les insurgés, ni des terroristes”.
Citant Benjamin Franklin “celui qui sacrifie une liberté essentielle au profit d’une sécurité éphémère et aléatoire ne mérite ni la liberté ni la sécurité,” il conclue par ces mots : “nos amis [les avocats emprisonnés], plus que quiconque, sont dignes de l’une et de l’autre. Et notre soutien, aussi modeste soit-il, leur est totalement acquis. Nous avons jugé nécessaire de leur en apporter le témoignage au nom de tous les avocats de France”.
Le Conseil national des Barreaux de France, représentant les 54 000 avocats français, a protesté auprès du Premier ministre turc Erdogan, dans une lettre remise à l’ambassadeur de Turquie en France, lui reprochant de ne pas respecter les dispositions de la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme du 4 novembre 1950 à laquelle la Turquie a souscrit : “les avocats du monde, tribuns de la plèbe universelle, ne connaissent aucune autre frontière que celle des libertés et des droits de la défense qu’ils ont le devoir d’opposer à tous les excès des gouvernements”.
André Métayer