Lundi 25 avril au matin, les forces de sécurité turques ont procédé à 35 nouvelles arrestations et mises en garde à vue : il s’agit essentiellement des membres du BDP, notamment son président local ainsi que les présidents de section, mais également d’élus locaux (dont deux adjoints au maire). Ces arrestations interviennent dans un contexte extrêmement tendu, les tentes pour la Paix et la Démocratie étant attaquées quotidiennement pour la police. Hakkari[[Hakkari (en kurde : Colemêrg ) est la ville préfecture de la région frontalière avec l’Iran et l’Irak : elle est située à 1800 m d’altitude et entourée de sommets qui culminent jusqu’à près de 4.000 mètres.]] détient désormais un triste record : 500 personnes incarcérées pour motifs politiques dans le cadre de l’opération qui vise à affaiblir le BDP ainsi que les mouvements de la société civile qui le soutiennent depuis maintenant deux ans.
Immédiatement après cette rafle, la population a organisé une manifestation monstre (20 000 participants pour une population de 58 000 personnes) avec la volonté de se diriger vers la frontière. Empruntant l’unique route qui mène de la ville à la vallée, la population a été arrêtée au point de contrôle fortifié du Zap, 8 kilomètres plus bas, et a dû rebrousser chemin.
Aujourd’hui 26 avril, tous les commerces étaient fermés en signe de protestation. Ceux de Sirnak, Yüksekova, Cukurca, Semdinli l’étaient aussi par solidarité, ces villes étant également très durement touchées par les opérations d’intimidation et de répression.
Vers 14h, des groupes de jeunes et d’enfants ont dressé des barricades, notamment sur l’unique grand’route de la ville, et ont affronté les forces anti-émeutes jusqu’à ce que les blindés légers et auto-mitrailleuses de la police reprennent partiellement et temporairement le contrôle de la rue.
L’on doit noter le soutien exprimé par la population à ses enfants… tellement excédée par l’ampleur de l’acharnement du pouvoir contre la ville : depuis 10 jours Hakkari est en révolte quotidienne. Dans toutes les rues gisent des débris des affrontements, en particulier des grenades lacrymogènes : la quantité de ces armes qui a été employée est telle que l’air est saturé de gaz en permanence, y compris dans la ville haute alors que les affrontements se concentrent plutôt dans les quartiers bas.
Malgré la violence d’Etat, la pénurie, l’encerclement (plusieurs milliers de soldats, gendarmes, policiers et paramilitaires occupent 8 casernes tout autour de la ville), l’enfermement (une seule route sévèrement contrôlée), Hakkari continue et continuera à résister.