En marge de l’examen périodique universel de la Turquie à l’ONU, le Press Club Brussels Europe a accueilli le lundi 27 janvier une conférence de presse sur les violations des droits humains et notamment celles qui visent la liberté d’expression et de créativité en Turquie.
Lors de la conférence modérée par Bahar Kimyongür, quatre intervenant·e·s ont exprimé leurs points de vue sur la violation des droits humains en Turquie : Ozlem Demirel, vice-présidente de la sous-commission “Sécurité et défense” et de la délégation à la commission parlementaire mixte entre l’Union européenne et la Turquie, Ihsan Cibelik, militant politique et musicien du groupe Yorum, Sibylle Gloe, avocate et représentante d’International Human Rights Lawyer, Dogan Özgüden, journaliste et éditeur d’Info-Turk.
Dogan Özgüden, qui a dû quitter son pays il y a 49 ans, regrette que le Conseil de l’Europe et l’Union européenne continuent de considérer l’oligarchie turque comme un partenaire indispensable, quelle que soit sa couleur, militaire ou islamiste. Il constate qu’après un demi-siècle, rien n’a changé : le gouvernement en place s’acharne toujours contre tous ses opposants, surtout depuis l’arrivée au pouvoir de l’AKPAdalet ve Kalkınma Partisi (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste aux mains de l’autocrate Erdogan. More d’Erdoğan en 2002. Depuis la tentative de coup d’État de 2016, “douteuse” rappelle Dogan Özgüden, on assiste véritablement à un processus conduisant la Turquie vers une dictature islamique au détriment de tous les droits humains et des libertés.
L’Etat de droit est démantelé
Les tribunaux n’hésitent pas à jeter les opposants derrière les barreaux pendant que les autorités ouvrent à leur encontre des poursuites judiciaires pour des accusations de terrorisme fabriquées de toutes pièces. Plusieurs procès de journalistes à caractère politique ont déjà abouti à des condamnations comme dans les cas de Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazlı Ilıcak. Incroyable, mais vrai, on a ouvert une nouvelle enquête sur les manifestations antigouvernementales massives de 2013 à Istanbul, connues sous le nom de manifestations de Gezi. Parmi les personnes visées, la plus est un mécène et dirigeant d’une organisation culturelle, Osman Kavala.
Quant à l’opposition politique, le HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More reste toujours la cible de la terreur de l’état… Les deux leaders de ce parti, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, sont toujours en prison. En plus, le gouvernement ne tient pas compte de la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui exige la remise en liberté immédiate de Demirtaş. Encore aussi dramatique, le sort des dizaines de maires kurdes élus par la grande majorité… Déjà avant les élections locales en 2019, la démocratie locale dans le Kurdistan de Turquie était entièrement suspendue. Le gouvernement contrôlait 94 municipalités de la région après avoir évincé les représentants élus par la population kurde. Malgré cette répression, aux élections locales de l’année passée, presque toutes les municipalités de cette région ont été regagnées par les candidats du HDPParti de la Démocratie des Peuples (Halklarin Demokratik Partisi). More. D’une manière honteuse, le diktat d’Erdoğan a commencé de nouveau à évincer les nouveaux maires kurdes et les remplacer par les curateurs, yes-men du pouvoir.
André Métayer